Bienvenue chez les Peaky Blinders - feat Tommy & Five

Bienvenue chez les Peaky Blinders @Five Hargreeves, Thomas Shelby, Arthur Shelby & John Shelby (PNJ)

UN SOIR, AU GARRISON TAVERN.

- On l’a encore repéré sur les caméras de surveillance, Monsieur Shelby, lui avait-dit un de ses employés travaillant à la section sécurité et surveillance de la Shelby Brothers Company Ltd.. Si les appareils de surveillance étaient d’abord destinés aux riches et aux autres entreprises de New York, les Shelby ne s’étaient pas privés pour en installer également près et autour de tous leurs entrepôts du Bronx, là où ils stockaient armes, drogues et autres stupéfiants ou gadgets destinés à la revente illégale et au marché noir. John s’était chargé, avec quelques gars récemment intégrés au gang des Peaky Blinders, de les faire installer avant d’aller trouver l’employé du service Protection et Sécurité de l’entreprise de son aîné ayant le plus besoin d’argent. Il n’eut pas longtemps à chercher avant de tomber sur un homme d’une quarantaine d’années ruiné en raison d’un divorce difficile.

- Tout ce que vous aurez à faire, c’est de me rendre quotidiennement des comptes sur les activités douteuses autour de ces entrepôts. Pas de questions. Vous observez. C’est tout. Si vous voyez quelque chose de louche, vous m’informez, lui avait-il dit avant de lui tendre une liasse de dix billets de cent dollars. Bien sûr, le type les avait accepté et, tous les jours, il venait rendre des comptes à John qui, toutes les semaines, lui tendait une liasse de billets verts identique à la première qu’il avait reçu.

Au moins un mois se passa sans que rien ni personne ne vienne troubler la tranquillité du stock des entrepôts, jusqu’à ce qu’une silhouette ne se matérialise sur les écrans. Ayant été prévenu, John observa les images sur les écrans avant de hausser les épaules en disant qu’il ne devait s’agir que d’un gosse, vu sa taille et sa silhouette, et qu’il ne représentait pas un danger. Les Peaky Blinders pouvaient être de vrais sauvages mais ils ne touchaient jamais aux enfants, ni aux femmes, à moins que celles-ci ne l’aient vraiment cherché. En tout cas, John ne vit pas là de raison valable d’aller en informer son frère et il laissa couler. Mais la silhouette apparemment enfantine ne cessait de revenir sur les écrans, encore et encore. Elle ne faisait rien, en apparence, seulement observer, surveiller on ne savait quoi exactement. Finalement, John crut quand même bon d’aller en avertir Thomas en lui montrant la silhouette en question sur les clichés que l’employé avait fait imprimer :

- Là tu vois ? lui avait-il dit en désignant la silhouette du doigt. Et là, et encore là.

- Mmh on dirait un gamin, avait commenté Thomas, de la cendre de sa cigarette coincée entre ses lèvres tombant sur les photos. John l’essuya d’un revers de la main :

- Ouais mais c’est louche nan ? Il fout quoi ce gamin ? Tu crois c’est un indic’ pour le compte de Changretta ? Ou des Juifs ?

- Changretta est un connard mais il a jamais fait bosser des gamins. Ça ressemble pas à Alfie non plus. Le gosse n’a rien d’un Juif et tu sais comme moi comment ceux-là se fringuent.

Les goûts vestimentaires de Solomons et de ses hommes étaient plus que discutables, selon Thomas, mais il ne s’arrêtait pas à cela pour faire affaire. Alfie et lui avaient trouvé un terrain d’entente ici, à New York. Ils s’étaient partagé le territoire en deux zones équitables et, à eux deux, ils avaient plus de terrains et plus d’influence et de pouvoir que tous les gangs concurrents de cette ville.

- Mais il n’empêche, reprit-il, que ce gamin n’a rien à foutre ici. Coincez-le. Et amenez-le-moi.

John voulut reprendre les clichés mais Thomas abattit sa main droite dessus, disant implicitement par là qu’il voulait les conserver. Alors John hocha la tête, tourna les talons et quitta la pièce en lui disant que lui et ses gars le lui amènerait le lendemain soir, au Garrison Tavern. Sans faute.

Le lendemain soir, Thomas était attablé dans la salle à l’arrière du pub, fermé à cette heure-ci en semaine. Arthur était avec lui et tous deux finissaient une bonne bouteille de whiskey irlandais en fumant cigarettes sur cigarettes tout en parlant du business et de la volonté de Tommy d’entrer dans la sphère politique de cette « putain de ville ». Soudain, des bruits de pas se firent entendre derrière la porte de la salle. Celle-ci s’ouvrit et laissa apparaître John Shelby, interrompant un trait d’humour particulièrement pervers de la part d’Arthur au sujet d’une de ses dernières conquêtes et qui eut le mérite de faire sourire Thomas :

- Tommy, mes gars l’ont eu.

- Hein ? fit Arthur, complètement ivre.

- T’occupe, Arthur, rétorqua Tommy en lui envoyant une tape dans le dos. Merci John. Amène-le-moi. Et tiens…Prends Arthur avec toi.

- T’veux pas qu’je reste Tommy ?

- T’es bourré. Et c’est bon, John va rester avec ses gars le temps que je règle cette histoire. Rentre. Dis à Skywalker de te ramener et de revenir ici après.

- OK Tommy…Comme tu veux, répondit-il en se levant et en sortant par la porte de derrière en titubant.

A peine eut-il fermé la porte sur son passage que deux des gars de John lui apportèrent le fameux gamin que les caméras avaient surpris à rôder autour de ses entrepôts. Ils le firent s’asseoir sur la chaise située en face de lui sans ménagement et se postèrent derrière lui, les mains dans les poches, dans l’attente des ordres de leur grand patron.

- ça ira, messieurs. Vous pouvez attendre dehors. Toi aussi John.

Ils s’exécutèrent, refermèrent la porte derrière eux et laissèrent Thomas seul face au « gamin ». Derrière ses lunettes rondes, les yeux clairs du meneur des Peaky Blinders observaient sans relâche celui qui avait tout de l’adolescent mais qui dégageait pourtant quelque chose de plus sans qu’il ne sache quoi exactement. Un silence lourd tomba entre eux avant que Tommy n’ouvre sa boîte d’argent contenant ses cigarettes et n’en allume une, la flamme de l’allumette brillant pendant quelques secondes dans ses yeux froids et implacables :

- Tu sais pourquoi t'es là ? demanda-t-il. Il laissa passer quelques secondes volontairement avant de poursuivre. Mes caméras t’ont vu souvent traîner devant des entrepôts qui m’appartiennent.

D'un dossier présent sur la table, il en extirpa les clichés que lui avaient fourni John et l'employé qu'il avait chargé de surveiller ses entrepôts via lesdites caméras. Il expira une longue vapeur de nicotine et coinça sa cigarette entre deux doigts :

- Un gamin comme toi n’a rien à faire dans les parages…sauf si tu bosses pour quelqu’un qui t’aurait demandé de surveiller les activités des Peaky Blinders. Est-ce que c’est le cas ? Et ne me mens pas. J’ai un sixième sens pour reconnaître les menteurs, l’avertit-il, car même s’il rechignait à faire du mal à un enfant, il s’acquitterait de cette besogne si le clan était menacé par quelque concurrent que ce soit.