Un vide immense avait envahi son esprit, un vide inexplicable, comme un semblant d'apesanteur. Il n'y avait plus cette sensation de toucher physique, une sensation de respiration, d'air frais dans ses poumons. L'esprit et le corps sont une seule et même chose, qui est conçue tantôt sous l'attribut de la pensée, tantôt sous l'attribut de l'étendue. Cependant, elle se sentait être là, mais la réalité lui était complètement désunie. Elle ne sentait aucune émotion, aucune sensation, elle était comme envolée dans un monde bien loin du sien, de la matérialité. Son existence n'était plus, mais cela, Peggy ne le savait pas encore. Ses yeux s'étaient fermés, entouré des personnes qu'elle avait aimées, qui l'avait accompagné durant toute sa longue et infatigable vie. Parce que c’est ce qu’elle était après tout, la Peggy Carter, une femme de l’ombre qui avait œuvré à sauver les autres en dépit de son silence. Et si tout semblait prendre fin, le destin de l'ancienne directrice du SHIELD, allait, une fois de plus, lui réservait quelques surprises. Bonne ou mauvaise qu’importe, la jeune femme qu’elle était redevenue allait encore subir bien des épreuves. Cette sensation d’apesanteur avait disparu peu à peu, elle ne savait pas combien de temps, cela avait pu durer pendant plusieurs heures ou seulement quelques secondes tout au plus, la notion du temps n’était plus réellement présent. Cet espace de vide avait laissé place à une atmosphère bien différente, l’air était cette fois-ci respirable, son nouveau corps pouvait enfin le ressentir bien qu’elle soit toujours inconsciente. Son corps était allongé là, au milieu de cette nature dense à la fois calme et pesante. Le dos contre le sol, l’on aurait dit un ange venue du Ciel à être étendue de la sorte, son visage doux et sa tenue qui signalait toujours l’élégance inégalable de la jeune Carter. Jeune était bien le mot, elle n’était plus cette vieille femme aux cheveux grisonnant allongé sur un lit d’hôpital alors que ses jours étaient comptés. Elle était la Peggy des années 40, une époque pourtant déjà si lointaine…

Le soleil peinait à se coucher, le ciel se teintait d’un dégradé de couleurs orange virant vers le violet, c’était la première chose que Peggy observait alors que ses yeux s’ouvraient peu à peu. Elle ne s’était pas rendu compte sur l’instant qu’une silhouette se tenait juste auprès d’elle. Son ouïe était encore brouillée, elle n’entendait que des échos pratiquement imperceptibles. Était-elle au paradis ? C’était bien la première chose à laquelle elle pensait en cet instant, ses doigts commençaient à s’agiter doucement, comme une énergie qui traversait peu à peu le corps de l’Agent 13. Mais voilà, la jeune femme, malgré son esprit encore brouillé, ressentait quelque chose d’anormale. Ses membres n’étaient pas aussi fatiguée que ce qu’elle avait pu ressentir il y a quelques minutes ?! Ses yeux s’écarquillaient alors soudainement, voyant cette fois-ci nettement un homme à première vue, qui semblait s’approcher d’elle. Par un mouvement de réflexe dirons-nous, la brunette sortit un revolver de son tailleur avant de le pointer brusquement vers l’inconnu. Saisissant, ce réflexe, elle ne l’avait plus ressentit depuis des années. Que lui arrivait-elle ? Honnêtement, la Peggy actuelle était bien plus perturbée qu’autre chose.

- Ne vous approchez pas ou je tire, soyez-en sûr ! Elle fut alors choquée de sa propre voix. Tout lui semblait surréaliste, cette situation, son physique, cette force était-elle en train de rêver ? Ou de vivre plutôt un cauchemar ? Lui avait-on administré encore une de ses saloperies afin de lui faire subir des peines de souffrances ? Elle ne savait plus, sa main incertaine sur l’arme, l’Agent sûre d’elle et implacable n’était plus en cet instant, bien que l’on pouvait reconnaître la ferveur du personnage face à sa réaction.

- Qui êtes-vous ? Où est-ce que je suis ? Pour qui travaillez-vous ? Ne me mentez surtout pas je le saurai de toute façon !

Sa voix se voulait dure et ferme, mais ses légers tremblements sur ses cordes vocales trahissait son véritable état, décontenancé elle était. Elle n’avait fait guère attention à sa présentation en étant trop préoccupée de ce qu’elle ressentait.

- Je devrais être morte, c’est impossible que je sois… là !

Elle appuyait ses propos en faisant de gestes brusques avec son fameux et inséparable revolver. Ses jambes tentaient bien que mal de rester en place, avec ses talons et sa combinaison en tailleur de couleur verte qui mettait en avant ses courbes féminines. Bien évidemment qu’elle ne voulait pas tuer ce jeune homme qui semblait ne pas lui vouloir de mal, mais sa raison était malheureusement trop brouillée pour qu’elle ne s’en rende compte véritablement. Une tempête déferlante tournoyé dans son esprit, elle y révélait des flash-back de sa vie précédente (chose qu’elle ne savait pas encore). La vieille Peggy à la santé fragile n’était plus, elle était née à nouveau sous sa forme corporelle d’en temps, là où sa vie était mêlée d’aventures, d’infiltrations et de guerres.