Rencontre avec une légende du côté obscur: PV Anakin

Cette nuit, tu la vivais encore aux côtés de ta maîtresse — l’insomnie. En ce moment, tu lui étais rudement fidèle. Doux baisers mortifères que les siens, peuplant tes pensées d’idées les plus noires pour te torturer davantage. Chaque fois que tu te tournais dans ton lit, tu entendais à nouveau les cris de ta femme se balader avec sadisme dans ton cerveau. Si c’était elle la vraie victime des crimes de Khal Drogo, votre lien dans la Force t’avait infligé sa douleur. Ton cœur avait implosé. Tu étais vide, réduit au néant. Tu t’en voulais de n’avoir rien pu faire pour elle. De ne pas être arrivé à temps. Quel piètre mari tu étais. Tu refaisais un monde avec des « si ». Si seulement tu n’avais pas foutu toute cette merde autour de toi, autour de vous… jamais elle ne t’aurait mis à la porte pour te faire comprendre ô combien tu avais été un con. Jamais Khal Drogo ne serait venu l’agresser si tu vivais encore sous le même toi qu’elle. Jamais le Dothraki ne s’en serait pris à Padmé, ta vie entière, si tu n’avais pas couché avec sa femme avant même que tu ne retrouves la tienne et que la Khaleesi ne retrouve son époux. Padmé avait subi l’horreur juste à cause des égos des hommes. Et Dieu seul savait à quel point le tien et celui de Drogo étaient énormes. Tu te dégoutais. Tu ne la méritais pas. Tu n’avais jamais mérité Padmé. Souhaitant te montrer fort devant ton âme sœur, dès qu’elle retrouvait les bras de Morphée au lever de la lune, ce n’est qu’au lever de la lune que tu te permettais de te perdre dans le corps de ton amante nommée insomnie. Tu t’autorisais enfin à pleurer dans le creux de son cou, à lui murmurer ta rage, ta peine, tes affres qui te torturaient. Il n’y avait pas Dark Vador qui s’en mêlait pour une fois, seul toi, Anakin Skywalker, subsistais dans ces moments tortueux.

Parfois, l’amour de ta maîtresse ne suffisait pas à apaiser les peines de ton âme qui se mourait à petit feu. Comment trouver le goût de vivre quand le soleil autour duquel tu tournais perdait de son éclat ? Tu étais dépendant de Padmé, esclave de ton amour pour elle alors si elle périssait, tu trépasserais inexorablement toi aussi. L’alcool était la seule solution à ton mal-être. La solitude aussi. Alors il n’était pas rare depuis cette journée funeste que tu quittes le lit conjugal en pleine nuit pour te faufiler dans les artères désertées de la ville de New York pour rejoindre le Pandémonium et y boire quelques verres afin d’oublier tout, le temps de quelques heures. Tu ne rentrais jamais ivre mort cependant, pour que Padmé ne sache jamais rien de tes escapades nocturnes. Tu ne voulais surtout pas lui rajouter ce poids sur le dos. Tu ne voulais surtout pas être un fardeau pour elle.

Quand Qi’ra entrait au Pandémonium ce soir-là, tu y étais déjà depuis une petite heure. Ta consommation pour le moment se résumait à trois shoots de vodka, une bière et un verre de vin rouge. Tu commençais seulement à piquer du nez, mais ta tête était suffisamment engourdie pour ne plus repenser pour le moment au viol que ta femme avait subi presque sous tes yeux. Les effluves enivrés de tes verres te remémoraient simplement tes moments de bonheur partagé avec elle sur Naboo, votre mariage, vos moments plus charnels et amoureux… jusqu’à ce que tout soit subitement interrompu par une présence qui se trouvait à tes côtés. Une colère enflammée engloutissait la douceur océan de tes iris quand ton regard croisait celui de Qi’ra. Tu te souvenais parfaitement d’elle et de votre affrontement lors de la vente mouvementée du corps d’Han Solo sous carbonite pour qu’elle le revende ensuite à Jaba. Elle n’avait été qu’un moment désagréable (qui ne l’était pas de toute manière aux yeux de Dark Vador ?) et elle était bien la dernière personne que tu souhaitais voir ici. En cet instant, elle était comme un caillou dans ta chaussure dont tu ne parvenais pas à te débarrasser. « Putain. » Tu la toisais du regard avec beaucoup de dédain. « De toute la galaxie ENTIÈRE, il faut que ça soit sur toi que je tombe. La poisse, putain. J’ai assez d’emmerdes comme ça. » Tu descendais ton quatrième shoot du mètre que tu avais commandé. Tu ne la regardais même pas, ni même ne la considérait du coin de l’œil. Ça serait lui faire trop d’honneur. Tu fixais seulement un point devant toi quand tu lui adressais sèchement et à nouveau la parole. « Tu veux quoi ? Fais vite parce que tu me pompes déjà l’air. »