On a tous besoin d'aide - Daenerys.

On a tous besoin d'aide @Richard Grayson & Daenerys Targaryen

Red – Gone.

La solitude lui était devenue beaucoup trop pesante, à tel point que même ses journées au salon de coiffure ne suffisaient plus à la faire renouer avec le genre humain. Pourtant, ses clientes étaient toutes adorables et le bouche-à-oreille auprès de leurs cercles d’amis lui avait fait gagner de nouvelles clientes et ainsi de suite. Daenerys commençait même à se demander si elle ne devait pas embaucher une coiffeuse ou deux en plus pour les aider car, à deux seulement, le rythme commençait à devenir difficilement tenable. Pourtant, si elle dispensait sourires et politesses le jour, dès qu’elle rentrait chez elle, c’est dans un profond désarroi et sentiment d’abandon que l’ancienne Reine se trouvait engloutie. Pire encore était-ce lorsque d’horribles souvenirs de ses derniers instants dans son monde lui revenaient en mémoire. Pourquoi n’avait-elle pas pu être atteinte de troubles de la mémoire en arrivant ici ? Elle avait entendu que c’était chose assez courante alors pourquoi pas elle ? Mais non, Daenerys se souvenait parfaitement bien de ses atrocités qui donnèrent raison autant à la devise de sa maison, qu’à l’adage commun qui disait qu’à chaque nouvelle naissance d’un fils ou d’une fille Targaryen, les Dieux lançaient une pièce et jouaient à pile ou face sur la future santé mentale de l’enfant. Elle s’était longtemps cru comme son frère, Rhaegar. Saine d’esprit, bonne et vaillante. Mais en réalité, elle ressemblait beaucoup trop à Viserys et à leur père, Aerys, le Roi Fou. La folie de Viserys était visible ; la sienne était sous-jacente et avait attendu qu’elle y cède, après la mise à mort de Missandeï… Viserys, Missandeï…Le premier avait été son frère, il l’avait presque élevé comme un père mais était aussi d’une cruauté sans borne avec elle. La seconde était née libre sur une petite île dans la Mer d’Eté avant d’être enlevée aux siens par un marchand d’esclaves puis d’être sauvée par elle, à Astapor avant de faire d’elle son interprète, sa voix et son amie. Si elle pouvait aisément comprendre le manque qu’elle ressentait face à l’absence de Missandeï ou encore de Drogo, qu’elle n’avait pas encore retrouvé à ce moment-là, elle se surprenait à vouloir revoir Viserys. Aussi abject et violent fut-il avec elle sur leurs dernières années ensemble, Daenerys se souvenait aussi de lui comme étant un jeune homme plein de rêves et d’espoir, ambitieux, aimant et attentif envers elle et sa bonne santé. Jusqu’à ce qu’elle ne devienne une jeune femme et que, tout d’un coup, elle ne prenne une valeur bien différente aux yeux de son frère.

Ce fut lors d’une de ses longues soirées passées seule chez elle, en rentrant de la forêt où elle était allée voir ses enfants, que Daenerys repensa à un conseil glissé tout bas à son attention par une de ses clientes. Son fils était dans la police et travaillait dans un des nombreux postes de la ville. S’il était plutôt au service des délinquances en tout genre, elle savait aussi qu’il arrivait régulièrement des personnes venant d’ailleurs, comme elle, qui demandaient à voir quelqu’un du service des personnes portées disparues. Elles déposaient un avis de recherche avec une « photo » de la personne en question et, bien souvent, cela portait ses fruits ! Avec plus ou moins de temps certes, mais les succès restaient plus nombreux que les échecs. Le seul problème qu’elle voyait était qu’elle n’avait pas de « photo » de Viserys et de Missandeï. A son époque, cela était très loin d’exister. Certains artistes réalisaient des portraits des Rois, Reines et autres riches nobles ou des bustes sculptés. Mais même cela, jamais elle n’y eut droit tant sa courte vie fut faite d’une succession de longs périples, de problèmes et de guerres. Elle avait néanmoins remercié chaleureusement sa cliente et depuis, plusieurs jours avaient passé sans qu’elle ne suive ce précieux conseil. Jusqu’à aujourd’hui.

Elle n’aimait pas se rendre dans les quartiers plus centraux de cette ville. Trop de monde. Trop de bruits. Cela attisait toujours ses angoisses et ce sentiment d’insécurité qui se saisissait de tout son être. Elle s’était même dit qu’un jour, Drogon, Viserion ou Rhaegal finiraient par sentir cette détresse venant de leur mère. Ils quitteraient leur forêt et survoleraient la ville. Tout le monde les verrait et vu ce qu’on disait des dragons – des créatures dangereuses et sanguinaires, ce qui, quelque part, n’était que la vérité – elle ne donnait pas cher de leur survie quand bien même elle s’interposerait. On rirait de son petit gabarit et non seulement se sentirait-elle humiliée, mais elle ne pourrait survivre à la mort des seuls enfants qu’elle n’aurait jamais. Alors elle s’employa à respirer calmement pour se détendre et alla s’asseoir sur une chaise libre le long du mur, tandis que la femme à l’accueil qui l’avait reçu, était partie prévenir un de ses collègues.

Environ dix minutes plus tard, Daenerys vit un jeune homme venir droit vers elle. « Ce doit être lui qui va s’occuper de mon cas » se dit-elle en se levant et en lui offrant un sourire poli. « Bonjour, merci de me recevoir. » A la façon dont il la regardait, elle comprit qu’il savait qu’elle venait d’un autre monde. Peut-être était-ce son apparence qui jouait contre elle ou le fait qu’il ait l’habitude de ne recevoir que des personnes venues d’ailleurs et cherchant les leurs dans l’immensité de cette ville. « Oui c’est cela. Mais j’aimerais déposer non pas un, mais deux avis de recherches. J’espère que vous avez du temps sinon je peux revenir un autre jour pour le second avis. Je le ferais si cela me permet d’avoir une chance de retrouver ces deux personnes. Cependant… ». Elle hésita tandis que son regard tomba justement sur un avis de recherche avec ce que les locaux appellent une « photo » en son centre. « Je n’ai pas de…photos. Là d’où je viens, cela n’existait pas. J’espère que ce n’est pas un problème ? Je me souviens parfaitement d’eux. Je pourrais vous les décrire ? » demanda-t-elle, pleine d’espoir.