When the sun rises in the west and sets in the east ∇ Ft. Khal Drogo

› Arrivé(e) : 12/08/2021

When the sun rises in the west and sets in the east @Khal Drogo & Daenerys Targaryen

"My Sun-and-Stars made a queen of me, but if he had been a different man, it might have been much otherwise."

Son statut de reine s’éloignait d’elle de plus en plus. A mesure que les jours passaient, Daenerys avait l’impression que tout ce qu’elle avait vécu dans son monde n’avait été qu’illusion et qu’en réalité, la vie réelle était ici, à New York. Avait-elle seulement un jour été la sœur de Rhaegar et de Viserys, la fille du Roi Aerys II Targaryen et de la Reine Rhaella Targaryen ? Avait-elle vraiment épousé Drogo ? L’avait-on vraiment un jour appelé Khaleesi, Mhysa ou encore La Typhon-Née ? La seule preuve que tout ceci avait bien un jour existé était la présence de Drogon, Viserion et Rhaegal. Autrefois elle était quelqu’un ; aujourd’hui elle n’était plus personne. Une âme errant dans les longues avenues de la ville comme tant d’autres, voilà tout. Au début, cela l’énervait qu’on la traite ainsi, qu’on la bouscule ou qu’on la regarde avec tant d’insistance que s’en devenait déplacer. Baisser le regard et se taire ? Hors de question ! Elle avait alors un jour osé répondre à un homme qui la détaillait du regard des pieds à la tête pendant qu’elle attendait sa commande au restaurant du coin. L’autre s’était moqué d’elle, faisant monter la colère en elle mais tout ce qu’elle put faire était de ravaler cette envie de répandre le feu et le sang, comme le disait la devise de sa famille. Ni Jorah, ni Ver Gris n’étaient là pour la défendre et ses dragons étaient à ce moment-là dans la forêt, bien loin de la ville. Ce fut la seule fois qu’elle avait clairement dit qui elle était vraiment et ce qu’il en coûterait à quiconque oserait s’élever contre elle ou lui faire du mal. La solitude, la honte et ce cruel sentiment d’impuissance qu’elle avait ressenti ce jour-là n’avaient cessé de la suivre. Depuis, elle s’était murée dans le silence, marchait tête baissée, ignorait les remarques et autres sifflements désobligeants et irrespectueux sur son passage et tâchait coûte-que-coûte de se rendre invisible. Il n’y avait que pour les clientes de son salon de coiffure et pour la jeune femme qu’elle avait embauchée pour l’aider pour lesquelles elle n’était pas invisible et qui la traitait bien.

C’est d’ailleurs cette dernière qui l’encouragea un jour à la suivre au zoo de la ville. Un très bel endroit, disait-elle. Une sorte de très grand parc où on pouvait admirer la faune du monde entier. Un de ses endroits favoris, visiblement, car elle y allait souvent et trouvait dommage que Daenerys n’y soit encore jamais allée. Obstinée, elle revenait à la charge tous les jours jusqu’à ce qu’elle finisse par céder.

- D’accord, je viendrai avec toi ce week-end, lui avait-elle dit et elle avait sourit en voyant sa collègue soudain si enthousiaste à cette idée.

Le jour J, celle-ci avait vu les choses en grand en lui annonçant qu’elles passeraient toute la journée au zoo et, en arrivant sur place, Daenerys comprit pourquoi. Le zoo était un endroit vaste et mieux valait prévoir la journée si on voulait voir tous les enclos. A la caisse, Daenerys prit un dépliant sur lequel se trouvait un grand plan du zoo bien que son amie avait ri en rétorquant qu’elle n’en aurait pas besoin car c’était elle, son plan vivant, tant elle connaissait les lieux par cœur. La journée, quoique fraîche, était belle et leur permit de passer d’un enclos à l’autre tranquillement. Autour d’elles se trouvaient principalement des familles et la Targaryen ne pouvait s’empêcher de sourire affectueusement en voyant les enfants s’extasier devant tel ou tel animal. La maternité lui manquait cruellement et même celle qu’elle avait vécu aux côtés de ses trois dragons n’avait rien à voir avec ce qu’elle aurait pu vivre si elle avait pu porter son fils, Rhaego, jusqu’au terme de sa grossesse. Mais c’était sans compter sur la blessure de son Soleil Etoilé qui s’était infectée et l’avait rendu si vulnérable. Pour le sauver, Daenerys avait tout tenté, y compris la magie noire de la maegi faite prisonnière par le clan de Drogo. Ses suivantes l’avaient pourtant prévenu. La magie d’une maegi ne peut être bonne et le prix à payer est terrible. Mais Daenerys ne pouvait imaginer vivre sans Drogo. Elle n’en aurait pas la force, pensait-elle. Que deviendrait-elle, sans son Khal, maintenant que même Viserys, aussi cruel avait-il pu être avec elle, était mort ? Elle se retrouverait seule et on irait l’enfermer au Dosh Khaleen, aux côtés de toutes les veuves des grands Khals, où elle finirait sa vie. Cette intolérable perspective l’avait obligé à aller à l’encontre des avertissements du peuple de Drogo, de son peuple d’adoption, et elle avait permis à Mirri Maz Duur, la maegi, de faire usage de magie noire sur son époux. Le résultat avait été terrible. Drogo, certes vivant, n’était plus qu’un corps incapable de bouger ou de s’alimenter. Il restait allonger sous leur tente, les yeux grands ouverts, sans entendre ni même voir ce qu’il se passait autour de lui. Quant à elle, elle avait perdu son enfant avant de choisir de mettre fin elle-même aux jours de son mari. Elle voulait qu’il vive…mais pas comme cela. Confrontée à la sorcière, Daenerys comprit qu’elle s’était jouée d’elle car la magie, quelle qu’elle soit, était incapable de ramener un mort à la vie. La prophétie qu’elle lui fit tout en touchant son ventre, le maudissant d’infertilité, avait poussé le peuple de Drogo à l’abandonner. Tous les guerriers de son Khal s’en étaient allés, refusant d’obéir à une veuve d’un Khal, qui plus est une veuve ayant fait appel à la magie noir. Sa place était au Dosh Khaleen, voilà tout. Seuls étaient restés avec elle Ser Jorah Mormont, ses suivantes, quelques femmes et les vieillards. Alors elle avait donné des funérailles dignes des grands Khal et des Targaryen à Drogo tout en attachant Mirri Maz Duur au bûcher. Daenerys voulait tout brûler, y compris ses œufs de dragon semblables à trois grosses pierres froides. Au dernier moment, elle s’était avancée dans le bûcher pour mourir aux côtés de l’amour de sa vie et le rejoindre devant le Grand Etalon pour chevaucher à ses côtés jusqu’à la fin des temps. Ensemble. Inséparables. Mais au matin, tandis qu’il ne restait plus rien du bûcher et des corps de Drogo et de la sorcière, Daenerys, elle, s’était relevée, entourée de ses trois dragons nés grâce à la chaleur des flammes et à cet ultime sacrifice de sa part ; celui de donner sa propre vie. La jeune fille naïve et craintive était morte dans les flammes. A la place, la Mère des Dragons s’était relevée de ses cendres tel le phénix, prête à tout pour reconquérir les terres spoilées à sa famille de l’autre côté du Détroit, vengeant par là la mort de son frère Rhaegar, réalisant le rêve que Viserys lui avait si souvent conté ainsi que la promesse que lui avait fait Drogo : celle de se battre pour elle et pour ses terres.

Mais tout ceci était bien loin, songea-t-elle tandis qu’un cri d’un enfant la ramenait au moment présent. Son amie lui posa une main sur son épaule et lui fit signe de la suivre à l’enclos suivant.

- Oh vite ! Si on se dépêche, on va pouvoir assister à la distribution du repas des ours !! Viens !

Elles arrivèrent un brin essoufflées mais hélas trop tard pour voir l’intégralité du repas. En plus, avec sa petite taille, Daenerys ne voyait strictement rien, excepté de temps en temps un ours brun lorsqu’il passait dans son très restreint champ de vision. Ces animaux lui rappelèrent son ami et protecteur, Ser Jorah Mormont, dont l’emblème de sa famille est un ours. « J’ai été si dure avec lui et pourtant, il est l’un des rares à avoir toujours été loyal avec moi ». Le souvenir du vieux chevalier lui rembrunit le cœur tandis que la foule se dispersait, maintenant que le spectacle était terminé. Cela lui permit cependant de se rapprocher de l’enclos pour les voir de plus près. Un petit groupe de trois ours brun dévoraient fruits et poissons frais. Un quatrième rôdait près d’un des soigneurs du zoo. Daenerys aurait été terrifiée par la présence de l’animal, ce qui peut sembler paradoxal lorsqu’on la sait si proche de trois…dragons ! Mais hormis les chevaux, les autres animaux ne lui inspiraient guère confiance, probablement parce qu’à Westeros, de nombreuses familles avaient un animal comme blason. Le cerf des Barathon, le loup des Stark, le lion des Lannister, la seiche des Greyjoy. Mais tous l’avaient soit trahi, soit abandonné. C’était peut-être pour cela qu’elle n’était pas très friande de la faune de ce monde, se disait-elle en observant les ours manger et le quatrième d’entre eux recevoir des caresses de son soigneur dont il semblait proche et…

Elle dut s’accrocher à la rambarde de l’enclos tant la puissance du choc manqua de lui faire perdre pied. Elle ne l’avait toujours vu que de dos mais il s’était tourné à demi pour s’occuper de la bête visiblement en manque d’affection. « Non…Cela ne se peut… » se dit-elle, le souffle coupé. Pourtant, il lui ressemblait tellement. Elle avait eu envie de crier, de l’appeler, au risque de paraître totalement stupide tant elle était sûre qu’il ne devait s’agir que d’un homme qui n’avait qu’une très forte ressemblance avec son époux décédé. Mais les sons restèrent bloqués dans sa gorge et elle sursauta lorsque son amie la chercha pour qu’elles poursuivent leur visite.

- Oh désolé ma belle ! Je voulais pas t’effrayer ! s’exclama-t-elle en riant avant de rajouter, en la voyant si perturbée et pâle. Ça va ?!

- Je…Je crois que…Elle inspira et expira à plusieurs reprises pour se calmer. Je crois que j’ai vu quelqu’un que je connais.

- Ah bon ?! C’est fantastique !! Où ça ?!

- Là ! Juste…Mais il était parti. Il n’y avait plus que les ours et ce fut comme si Daenerys retrouva soudain ses forces. Il faut que je sache. Continues sans moi. J’ai mon portable sur moi au cas où, mais il faut que je sache.

Elle se mit à courir sans prêter attention à son amie qui l’appelait dans son dos ou aux visiteurs qu’elle bousculait. Cette fois, c’était elle qui bousculait les autres sans s’excuser. Elle fit le tour de l’enclos sur la droite, suivant un petit chemin normalement interdit aux visiteurs du zoo, comme le spécifiait une petite pancarte qu’elle avait royalement ignoré dans sa course. Elle ne savait pas où ce chemin la mènerait et elle se préparait déjà à être reconduite sans ménagement sur la partie réservée aux visiteurs lorsqu’elle le vit, de profil, en train de ranger quelque chose dans un grand sac de toile. Ce corps massif. Ces mains puissantes. Ces longs cheveux noirs. Il n’y avait qu’une seule façon de vérifier qu’elle ne se trompait pas.

- Yer shekh ma shieraki anni ? l’appela-t-elle d’une voix brisée par la course et surtout par l’émotion qui la submergea lorsqu’il se retourna. Incapable de se retenir plus longtemps, elle fondit en larmes et tomba à genoux.

©️crack in time

› Arrivé(e) : 05/11/2021

L’adaptation à ce Nouveau Monde, à cette nouvelle vie, fut terriblement difficile pour Khal Drogo. Pourtant, au cours de son existence, il avait affronté des situations bien plus épineuses et hasardeuses que celle-ci. Cette renaissance ne ressemblait en rien à ce qu’il avait espéré, à ce que sa foi avait décrit. Il ne comprenait nullement les lois qui régissaient ce monde si avancé par rapport au sien. Il ne s’était d’ailleurs toujours pas intégré à la vie new-yorkaise. Il fuyait la technologie et la modernité comme la peste, l’associant à de la magie encore plus noire que celle des maegi. Était-ce l’enfer ? Un piège ? Même se trouver un logement, il en était tout bonnement incapable, lui qui avait vécu une vie de nomade avant même qu’il ne naisse. Chaque soir, il changeait donc de chambre d’hôtel, pour retrouver un tant soit peu le rythme qu’il avait toujours connu. Mais même ça, ce geste si banal de réserver une chambre… il eut un mal de chien à comprendre le principe et surtout à saisir la valeur de l’argent qui régissait absolument tout ici. Son peuple ne marchandait qu’à travers le vol, le pillage et le troc alors la monnaie d’échange de ce monde était tout bonnement une chose qui le dépassait. Drogo haïssait ce monde qui n’avait aucune logique à ces yeux. Il était dépassé.

Surtout, sa vie était d’un ennui profond avant qu’il ne trouve ce travail de soigneur au sein du zoo de Central Park. Vagabondant dans les rues et dans les parcs sans aucun but précis, il repensait souvent à la vie riche et prestigieuse qu’il eut avant sa mort. Il repensait aux conquêtes, à son khalasar, à sa Khaleesi… Elle était de loin le souvenir le plus doux de son existence, même si au départ il n’avait eu aucune considération pour la jeune femme. Elle avait su trouver sa place, prouver sa valeur au sein du groupe et surtout, montrer qu’elle était une khaleesi digne de ce nom. Même si Drogo avait été élevé selon des valeurs que la modernité de ce monde qualifierait de machiste, le côté éhonté de la Targaryen avait fini par le séduire. C’était une véritable tête brulée obstinée quand elle s’y mettait. Un peu comme lui en somme. Il lui arrivait de sourire à l’évocation de ses souvenirs les moins violents de son histoire. Il s’aperçut qu’elle lui manquait énormément, au fond, en y repensant. Avec elle, ce fut la seule fois de sa vie qu’il avait pu expérimenter cette chose nommé amour, même s’il ne le dirait jamais aussi franchement à qui que ce soit, pas même à sa femme. Elle ne lui manquait pas que pour le sexe (pour être tout à faire sincère, il n’y avait pas pensé jusqu’ici), mais plus pour des choses plus subtiles telles qu’un sourire, le regard quel posait sur lui, la façon qu’elle avait de le soutenir, de rappeler à chacun qu’il était le Khal et que personne ne devait le défier. Il se rappelait toutes ces petites attentions faites de rien qui faisait tout le charme de la Khaleesi si chère à son cœur. Il se demandait ce qui était advenu d’elle à Westeros, si elle avait su dépasser sa peine à la suite de sa mort, si elle avait eu une vie heureuse après lui. Secrètement, il chérissait l’idée qu’elle ait pu trouver un chemin jusqu’ici, jusqu’à cet enfer comme il le nommait et qu’elle aussi, de son côté, pensait encore à lui avec la même ardeur bien qu’il soit arrivé tout au début de la vie de Daenerys. Alors, avant de trouver son travail au zoo, il employait ses journées à la chercher, partout, tout le temps, jusqu’à l’épuisement. Mais Drogo ne se rendait jamais compte qu’il se perdait à chaque fois dans le vaste labyrinthe qu’était New York et qu’il tournait absolument en rond. Les choses étaient tellement plus simples quand il était à cheval… Il n’avait aucun point de repère dans ce dédale, comme tout se ressemblait absolument à ses yeux.

Malgré le temps qui passait, il n’avait pas abandonné ses recherches. Disons que la réalité de la vie l’avait rattrapé et qu’il avait besoin d’argent pour survivre ici… Alors, sachant qu’il s’était toujours très bien occupé des animaux, des chevaux en particulier, c’est donc tout naturellement qu’il s’est présenté à cet entretien pour un poste de soigneur animalier. Drogo ne savait toujours pas ce qui avait poussé le zoo à l’engager puisque l’entretien avait été catastrophique. Son charme naturel sans doute… ou la peur qu’il fasse un esclandre si on lui refusait la place vu le peu d’amabilité qu’il affichait et la brutalité que sa carrure inspirait. On lui avait confié le secteur des ours, des loups et d’animaux forestiers divers. Drogo devait reconnaitre que les ours étaient de loin les animaux dont il préférait s’occuper, car leur brutalité et leur animalité à travers les jeux qu’il avait avec eux lui rappelaient ses combats d’autrefois. Puis, il s’était pris d’affection pour eux, surtout pour le petit dernier que sa mère semblait rejeter. À l’instar de Daenerys avec ses dragons, les ours étaient un peu comme ses enfants. Le mâle a failli le tuer une fois, d’un coup de griffe, mais depuis que Drogo l’a défié et mordu l’oreille, l’animal restait tranquille et surtout très docile. Aux yeux des ours, le Dothraki était devenu l’un des leurs et surtout leur chef. Tout ça pour dire que, grâce à cette famille de substitution, il trouva une forme de bonheur et de stabilité dans son travail qu’il ne pensait pas du tout accepter ni apprécier au départ, lui qui ne s’était jamais plié devant qui que ce soit.

En début d’après-midi, comme toujours il était de corvée pour nourrir les ours qu’il chérissait tant. Ils avaient droit à un repas de roi : du saumon, des morceaux de thon et quelques fruits bien juteux. Autant dire que c’était un budget très conséquent pour le zoo, mais Drogo s’en moquait comme de sa première chaussette. Il voulait juste le meilleur pour ses animaux et si l’établissement n’était pas capable de lui donner son dû… ils savaient d’avance qu’ils essuieraient une colère terrible de la part du Dothraki. Une fois son seau de nourriture prêt, Drogo pénétra dans l’enclos des ours sans prêter d’attention à la foule de visiteurs qui s’amassait devant la vitre. Comme s’ils assistaient à un spectacle, ils s’exclamèrent avec fascination en voyant l’aisance du soigneur à caresser, voir même à s’empoigner avec les ours quand ces derniers voulaient jouer avec lui. Il leur balançait les poissons et fruits pour qu’ils se régalent, quand il n’avait pas la folie de leur mettre la nourriture directement dans la gorge. Il n’avait absolument pas peur de se faire croquer puisqu’un fort lien de confiance s’était installé entre lui et ces animaux. Il amusait encore un peu la galerie en jouant plus longuement avec le plus petit des quatre ours, sans se douter que sa femme, sa khaleesi qu’il cherchait depuis si longtemps se trouvait juste derrière la vitre, parmi les visiteurs qu’il ignorait copieusement. Sa tâche terminée, sans un regard pour les personnes qui s’étaient arrêtées, le Khal retournait dans l’aile réservée aux soigneurs, sans savoir ce qui l’attendait.

En raison de son passé violent et belliqueux, Drogo avait constamment les sens en alerte. Malgré son ouïe surdéveloppée, il n’entendait pas le marché délicat de Daenerys à travers les couloirs. Il faut dire qu’il était occupé à mettre de l’ordre dans ses affaires pour préparer l’en-cas des loups… jusqu’à ce qu’il lâche tout à l’entente d’une voix familière, mais surtout de cette langue que jamais il crut entendre à nouveau un jour. Il se tournait vers elle. Khaleesi. Là. Juste devant lui. Il ne bougeait pas. Ne sourcillait pas. Une véritable statue. C’était même à se demander s’il respirait ! Le choc était profond, à la hauteur du rêve qu’il avait chéri secrètement depuis son arrivée : revoir Daenerys. Il n’y croyait pas. Dormait-il ? Allait-il se réveiller d’un instant à l’autre ? Le silence pesant qu’il installait malgré lui pouvait instiller de nombreux doutes chez son interlocutrice : était-il heureux de la revoir ? Était-ce de la magie noire puissante qu’il avait en face de lui ? Même pour lui, le Khal — l’homme puissant et inébranlable, que rien ne pouvait secouer — eut besoin d’un petit laps de temps pour encaisser la réalité qui se présentait sous ses yeux. Il sut qu’il avait la vraie Daenerys en face de lui quand il captait la profondeur de l’émotion qui la saisissait à travers son regard. Bien des légendes racontaient que les yeux étaient effectivement les portes de l’âme. Il ne pouvait douter de cela… Daenerys avait toujours été franche et honnête avec lui. Impossible de le tromper avec un sort. « Kha…Khaleesi ! » Seules deux enjambées étaient nécessaires pour la rejoindre. Et sans réfléchir, dès qu’elle était à portée, il la soulevait dans ses bras puissants de la même manière qu’il l’avait prise durant le Dosh Khaleen après que son épouse eut consommé le cœur cru d’étalon. « Jalan atthirari anni ! » Il le répétait en boucle, la faisant tournoyer. Cela se transformait presque en chant tant la jovialité et les pulsations cardiaques ardentes du Khal jouaient à l’unissions cette mélodie du bonheur. Daenerys pouvait compter sur les doigts d’une main les fois où elle avait observé son époux dans un état si euphorique la concernant. Un sourire éclatant illuminait son visage, brisant ce masque froid qu’il portait naturellement. Drogo était heureux, presque ému en ayant sa Khaleesi dans ses bras. Il la faisait s’asseoir sur l’une des tables, pour qu’elle reste à sa hauteur. Il attrapait enfin son visage entre ses mains pour pouvoir l’admirer à sa guise. Dieu comme sa beauté lui avait manqué. Drogo s’adressait à elle en dothraki. « Où tu étais ? Je t’ai cherché partout dans cette ville du diable. J’ai cru jamais te revoir, Khaleesi. » Il ne s’épancherait pas plus sur ses ressentis à l’oral. Il exprimait son manque à travers un baiser rempli de respect posé contre le front de sa femme avant de poser le sien contre ce dernier et rentrer en communion profonde avec elle. Ce geste était pour lui un « je t’aime » murmuré à l’adresse de sa reine. Après un moment de retrouvailles silencieuses, mais lourdes de sous-entendus et empreintes d’une émotion certaine, Drogo reculait son visage pour regarder Daenerys avec un amour discret, mais profond. Il s’adressait à elle avec un sourire amusé. « Tu cesseras jamais de me surprendre : tu m’as retrouvé en premier. Est-ce que c’est notre fils qui t’a guidé jusqu’à moi ? » Et le voilà en train de sauter à pieds joints dans le sujet le plus épineux qu’il pouvait y avoir entre Daenerys et lui.

feat. Daenerys Targaryen

JARONART

› Arrivé(e) : 12/08/2021

When the sun rises in the west and sets in the east

Drogo & Daenerys

Zoo, quartier du Bronx, le 26 Novembre 2021

L’un comme l’autre s’était figé sur place. Daenerys n’osait plus bouger. Rêvait-elle? Oui elle ne pouvait que rêver. Ce n’était qu’un rêve, un songe tout droit sorti de son esprit et de son coeur, comme dans le Temple des Conjurateurs où elle avait parlé, vu et touché son défunt Khal et Rhaego, leur fils, lui aussi décédé dans son ventre. Or elle se souvenait pourtant très bien s’être réveillée ce matin, avoir pris son petit-déjeuner comme tous les jours, puis avoir rejoint sa collègue pour se rendre, ensemble, au zoo où elle se trouvait en ce moment-même, face à Drogo. « Je ne devrais pas être là, moi non plus. Je suis censée être morte et pourtant je suis là. Et si… ». Elle n’alla pas jusqu’au bout de sa pensée par peur d’être déçue ou tout simplement d’avoir fait une énorme erreur, d’autant plus que celui qu’elle avait prit pour son Khal ne semblait pas la reconnaître.

Depuis qu’elle l’avait apostrophé, il n’avait plus bougé et la contemplait sans mot dire. Deux solutions: ou elle l’avait pris pour un homme qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau, ou c’était bien lui mais il ne se souvenait plus d’elle. Bizarrement, Daenerys sentit son coeur se diriger droit vers cette seconde solution. Après tout, elle avait eu recours à la magie noire pour tenter de le sauver, en vain. Peut-être les obscures divinités de la Maegi lui avait redonné la vie en lui ôtant toutefois tout souvenir, en particulier ceux de son épouse qui n’avait eu aucun scrupule à offrir son cheval en sacrifice pour lui rendre la vie. C’est ce qui lui avait coûté la vie de leur fils et l’amour et le respect d’une grande partie du peuple des Dothrakis, qui non seulement voyaient le mal incarné dans la Maegi mais l’avait prévenu de ce qu’il se passerait si elle s’obstinait sur cette voie. Cette constatation cruelle lui fit baisser la tête mais lorsqu’elle la releva pour lancer un dernier regard vers cet homme avant de s’en aller, elle crut que le sol se dérobait sous ses pieds en l’entendant l’appeler par son titre, le tout premier qu’elle reçut dans leur monde; Khaleesi. Il lui était resté jusqu’à la fin mais l’entendre de sa bouche…Cela avait une toute autre portée pour elle. C’était lui! Elle ne s’était pas trompée! Elle sentit ses joues être soudain inondées de larmes de joie tandis qu’un flamboyant sourire éclairait ses traits. « Yer shekh ma shieraki anni », répéta-t-elle avant de sentir ses bras puissants l’envelopper et la soulever du sol comme si elle ne pesait rien. Ses bras enlacèrent les larges épaules du Khal et sa tête vint retrouver sa place naturelle, là, dans le creux de son cou. Elle riait de cette joie liée à ces retrouvailles inespérées et inattendues tandis qu’il la faisait tournoyer dans les airs. Pourtant elle était habituée à ne plus sentir la terre sous ses pieds. Depuis que Drogon l’avait accepté sur son dos, son élément était devenu le ciel et les airs. Mais être ainsi au-dessus du sol, dans les bras du seul homme qu’elle avait aimé et qui l’avait aimé en retour…Cela n’avait aucune comparaison possible et cela, peu importe le monde dans lequel elle se trouvait.

Désireuse de revoir ce visage si souvent cherché dans ses rêves et ses souvenirs, sa tête quitta cette place chaude où elle s’était nichée pour contempler le visage de son Khal. Un sourire éclatant illuminait ses traits. Rares furent les occasions où Daenerys l’avait vu sourire ainsi. Il n’avait pas émis le moindre sourire ni mot à leur mariage et même au Dosh Khaleen, lorsqu’elle avait réussi à avaler le coeur d’étalon cru ou lorsque Drogo lui avait promit, après avoir sauvagement mis à mort Viserys, d’aller se battre pour elle, pour qu’elle puisse récupérer les terres qu’on lui avait volé, à elle et à sa famille. Ce furent des sourires de fierté ou d’excitation face à la guerre à venir et au sang qui allait inonder son arme. Mais là…Il n’avait sourit ainsi qu’une seule fois; lorsqu’elle lui avait annoncé que c’était un garçon qu’elle attendait. Alors elle sourit elle aussi et essuya vivement les traces de larmes sur ses joues rouges. Drogo la posa sur une table haute pour qu’elle soit à sa hauteur tant sa petite taille jurait en comparaison de sa haute et imposante stature. « On se cherchait mutuellement mon amour. Je vis et travaille à Staten Island et chaque jour, j’espérais te voir en sortant de chez moi. J’avais fini par me dire que je t’avais définitivement perdu dans notre monde. » « Une punition pour ce que je t’avais fait, dans un dernier acte de désespoir… », avait-elle eu envie de rajouter mais elle n’en avait pas eu la force, ni le coeur.

Elle ferma les yeux face au baiser de Drogo sur son front. Entre eux, il n’y avait jamais eu de grandes effusions d’amour ni de longues déclarations enfiévrées. Il était son Soleil Etoilé, et elle la Lune de ses Jours. Ils s’aimaient sous leur tente, sur les terres Dothraki, se parlaient tel un couple marié et heureux lorsqu’ils étaient loin des regards et s’autorisaient quelques gestes de tendresse comme lorsqu’elle lui tressait ses longs cheveux ou lorsqu’il bénissait son front d’un baiser avant de rejoindre ses Sangs-Coureurs. Mais dès qu’ils se montraient devant les leurs, il était le Khal, autoritaire et intransigeant, et elle sa Khaleesi qui certes avait quelque autorité sur ce peuple que beaucoup qualifiait de sauvage et de barbare, mais elle savait où se trouvait sa place. Derrière lui ou à ses côtés, mais jamais devant lui. Pourtant après son décès, elle avait eu le premier rôle partout, en n’importe quel lieu et les Dieux seuls savent à quel point cela l’avait parfois épuisé de se sentir si seule à devoir assumer tant de responsabilités. Avant son mariage, elle n’était que la soeur du futur Roi de Westeros qui la maltraitait quand bon lui semblait. Après son mariage, elle s’était enfin sentie aimée pour la femme qu’elle était mais après le décès de Drogo, Daenerys n’avait été plus qu’une figure d’autorité qu’on craignait ou qu’on adorait. Si elle avait connu l’amour, le vrai, pendant quelques mois, auprès de Drogo, alors elle s’estimait heureuse. Aujourd’hui, quelqu’un ou quelque chose lui donnait une seconde chance en lui rendant son époux décédé. Et comme si elle craignait de le voir partir, ses petites mains s’accrochaient avec force aux bras puissants du Khal. Son front posé contre le sien, elle aurait pu rester ainsi pendant des heures à s’imprégner de sa présence et de son odeur mais ce fut Drogo qui finit par rompre leur contact. Elle avait oublié à quel point son regard sombre la faisait frémir et elle en frissonna d’allégresse en sentant ses yeux plonger dans les siens. Avec un doux sourire, elle lui rendit son regard, incapable de se détacher de lui. Pourtant, son sourire se fana dès qu’il se mit à évoquer leur fils. La jeune femme déglutit avec difficulté et se sentit pâlir. Comment aurait-il pu savoir qu’elle avait perdu leur petit garçon? Rhaego avait cessé de vivre en elle dès l’instant où elle avait permit à la Maegi d’exercer sa magie noire sur son époux pour le sauver de la mort. Certes, il était vivant, mais seuls ses yeux étaient restés ouverts. Il ne bougeait plus, ne s’alimentait plus et ne parlait plus. Un spectacle absolument insoutenable auquel elle avait mit fin elle-même, au comble du chagrin, et qui avait conduit à la naissance de ses trois dragons. « Mon Khal…Rhaego est mort dans mon ventre. Il n’a pas survécu au chagrin qui m’a envahi lorsque je t’ai perdu. » Elle s’abstint de parler de la Maegi et des décisions qu’elle avait prises à l’encontre de l’avis de son peuple et même de Ser Jorah. Elle ne souffla mot de la façon dont il était mort. Elle ne voulait pas que, face à la violence de ces révélations, il ne soit écoeuré par ce qu’elle avait fait et qu’il ne la laisse seule. Pas maintenant alors qu’ils venaient à peine de se retrouver. « Je lui avouerais tout plus tard » se jura-t-elle, « Mais pas maintenant ou il me reniera… ». « Mais j’ai vu notre fils en rêve » reprit-elle en posant ses mains sur ses joues. « C’était un merveilleux petit garçon et toi, tu étais si fier de le tenir dans tes bras. Ce rêve-là m’a accompagné jusqu’à la fin. » Elle s’avança et déposa un léger baiser sur ses lèvres. « De quoi te souviens-tu ? Avant d’arriver ici, je veux dire ? ». Savait-il qu’il était mort dans leur monde ? Il fallait qu’elle en ait le coeur net avant de lui avouer qu’elle aussi été morte avant de renaître ici et qu’au comble du désespoir, elle avait finalement cherché du réconfort dans d’autres bras masculins que ceux qui la tenaient présentement…

(c) DΛNDELION

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