Rideshare Killer is back { Mara

Mara savait bien que tôt ou tard elle serait obligée de se chercher un nouvel emploi puisqu’étant intérimaire, on ne garde pas hyper longtemps un travail. Sauf que malheureusement là, ça se faisait dans la précipitation puisque son employeur avait été retrouvé mort dans un lac. Cette nouvelle avait pas mal secoué la jolie blonde étant donné qu’elle aimait bien cet homme qui était fort sympathique avec elle. Alors oui, là, elle était clairement dégoûtée de se retrouver à la case départ comme lorsqu’elle était arrivée dans cette ville. Surtout, qu’en attendant de trouver un nouveau job, elle n’avait d’autre choix que de vivre sur ses petites économies qui n’étaient pas énormes, mais surtout de se décharger sur Kurt, même si ça ne lui plaisait pas du tout. Heureusement, celui-ci allait nettement mieux et avait repris le chemin du boulot.

C’était en étant déterminée plus que jamais que la jeune Carlyle avait arpenté à pied son quartier. En effet, la fois où elle avait percuté le brun lui avait servi de leçon, c’est pour ça que cette fois elle n’était pas au volant de sa camionnette pour faire du repérage. Aujourd’hui, l’adolescente avait fait plus que repérer des endroits puisqu’elle s’était présentée dans divers commerces où elle avait postulé. D’ailleurs lorsque les gérants étaient assez disponibles, elle avait même passé quelques entretiens après leur avoir montré son C.V.

En fin d’après-midi, la jeune femme décida d’arrêter pour aujourd’hui, puisqu’elle avait vu pas mal de monde. Maintenant, il n’y avait plus qu’à espérer qu’elle ait réussi à taper dans l’œil de quelqu’un puisqu’elle n’avait pas envie de rester trop longtemps à la charge de son colocataire. C’était déjà suffisamment étrange entre eux depuis un certain temps, donc autant éviter que ça ne le devienne encore plus tout ça parce qu’elle avait eu le malheur de perdre son taf à cause d’un cinglé qui s’en était pris à son ancien patron.

Un peu fatiguée, la demoiselle retourna donc chez elle, avec les quelques curriculums vitæ qui lui restaient sous le bras. N’ayant pas fait attention si la voiture de son coloc était sur le parking, la blondinette inséra ses clés dans la serrure de sa porte. Apparemment, elle avait bien fait puisque celle-ci était verrouillée. La miss rentra donc dans son modeste appartement puis récupéra ses clés et verrouilla la porte derrière elle avant d’accrocher son trousseau sur le porte-clés. En plus, la pauvre crevait de chaud puisqu’elle avait mis une veste assez classe afin de mettre davantage de chances de son côté avant d’aller frapper à la porte de potentiels employeurs. Miss Carlyle s’empressa donc de retirer sa veste et ses chaussures – après avoir posé ses papiers sur le meuble de l’entrée – en même temps qu’elle entendit la voix de Kurt. Elle fronça les sourcils et se pencha dans sa direction pour réussir à le voir. « Ah t’es là !? Je pensais pas vu que la porte était fermée à clé… » Fit-elle remarquer tout en accrochant son vêtement sur le porte-manteau. Ensuite, l’émancipée récupéra ses documents qu’elle posa sur la table de la salle à manger. « Je peux pas être totalement sûre… mais je pense avoir bien accroché avec un ou deux patrons. Sauf que je n’ai pas encore de réponse, donc je vais attendre de voir si j’ai des nouvelles prochainement. » Dit-elle alors qu’elle se dirigeait déjà vers la cuisine puisqu’elle avait soif d’avoir beaucoup marché et surtout eu chaud à cause de sa tenue. Après avoir attrapé un verre propre qui séchait, Mara fouilla dans le frigo et prit une bouteille de sirop de cassis. Elle en mit un peu dans son récipient avant de rajouter de l’eau de sa bouteille qui traînait dans la porte du frigidaire.

La blonde prit son verre après avoir rangé les bouteilles au frais puis s’en alla vers le salon où elle rejoignit le brun. Cependant, elle espérait qu’il n'allait pas se montrer une fois de plus insistant puisqu’elle n’était pas d’humeur à subir ses assauts. En effet, depuis qu’ils avaient couché ensemble durant une nuit où elle se sentait seule, la jeune femme le regrettait sérieusement puisqu’elle se sentait coupable. Pourquoi ? Tout simplement parce que même si Dylan n’est plus de ce monde depuis un petit moment, elle l’aime toujours et a comme l’impression de l’avoir trahi en s’offrant à un autre. C’est sans doute stupide, mais c’est comme ça et elle n’attend absolument pas qu’on la comprenne. D’autant plus qu’elle garde l’espoir de revoir un jour son blond, tout ça parce qu’Hannah lui a mis dans la tête que des morts peuvent revenir à la vie ici, alors forcément c’est encore plus compliqué pour la rebelle d’oublier Hovemeyer et de passer à autre chose. Bien installée dans son canapé, Carlyle but une gorgée de sa boisson, mais avec la sensation désagréable de se sentir épiée par Kurt. Ce qui n’était pas faux puisque quand elle tourna le regard vers lui, elle croisa le sien. « Et toi ? T’as effectué beaucoup de courses aujourd’hui ? » S’intéressa-t-elle tout de même, parce que même si elle avait l’impression de marcher sur des œufs avec lui, il n’en reste pas moins qu’elle l’apprécie vraiment. Peut-être même plus qu’elle ne peut l’imaginer ou veut bien lui faire croire, sauf qu’elle a du mal à tourner la page sur son ancienne relation avec le blondinet, qui elle le sait, restera toujours dans un coin de sa tête ou de son cœur. Donc forcément, ça ne l’aide pas du tout à ouvrir les yeux sur ce qu’elle pourrait potentiellement ressentir pour le garçon assis près d’elle. Ah la culpabilité… Sentant un drôle d'arrière-goût dans sa bouche, l'ado fit une drôle de tête en se demandant d'où ça pouvait provenir.

La blondinette même si elle n’était pas totalement certaine d’avoir réussi à épater des employeurs, gardait l’espoir que l’un d’entre eux la recontacte rapidement pour lui proposer une embauche. Parce que clairement, elle n’allait pas supporter longtemps le fait d’être de nouveau sans boulot. Déjà parce qu’elle a besoin d’argent pour survivre, comme tout le monde, mais aussi parce qu’il était hors de question qu’elle se retrouve dans la mouise et doive être dépendante de son colocataire. Non, pas moyen qu’il s’imagine des trucs à cause de ça. De plus, l’adolescente a trop de fierté pour se laisser entretenir et puis il y aurait bien un jour où le brun lui reprocherait, donc non merci. Elle croisait tous ses doigts pour avoir un appel avec une réponse positive puisqu’elle avait mis toutes les chances de son côté afin que ça fonctionne. Franchement, elle ne voit pas ce qu’elle aurait pu faire de plus pour décrocher un job, hormis offrir son corps, sauf qu’elle ne fera jamais ça, même si elle venait à être désespérée. Plutôt crever la bouche ouverte que d’avoir recours à une promotion canapé. La jeune Carlyle préférerait encore se retrouver à vivre sous les ponts et faire la manche plutôt que de coucher avec un recruteur.

C’était avec ses pensées assez étranges que la miss fut de retour à l’appart. Malheureusement pour elle, Kurt était déjà là. Dire qu’elle l’évitait au max depuis qu’ils avaient couché ensemble alors qu’elle était bourrée serait un doux euphémisme. En effet, elle ne savait plus trop comment agir avec le jeune Kunkle. Pas parce qu’il n’est pas à son goût, c’est juste qu’elle a toujours son défunt petit ami dans la tête et le cœur et qu’elle se sent horriblement coupable de s’être laissée aller avec un autre que Dylan. Comme si elle l’avait trompé en fait, ce qui est totalement ridicule puisque le pauvre Hovemyer se trouve six pieds sous terre, mais c’est plus fort qu’elle. Enfin là, elle n’avait d’autre choix que de devoir supporter l’autre garçon, même si elle aurait aimé être tranquille et seule puisqu’elle est épuisée à l’heure actuelle et ne songe qu’à être au calme. Mara se débarrassa du superflu tout en parlant avec son amant d’une nuit. « Ah bon ? » Fit-elle étonnée par ce qu’il lui venait de lui dire. « Pourtant, je n’ai rien vu de spécial en revenant… » Surtout qu'ils n’étaient pas dans le pire quartier de la ville, mais bon si le chauffeur le disait, c’est qu’il avait dû remarquer quelque chose de bizarre contrairement à elle. L’intérimaire soupira par la suite en entendant les propos de son interlocuteur. « Écoute, c’est gentil de ta part, mais je n’y tiens pas Kurt ! Je préfère subvenir à mes besoins toute seule, sans vouloir t’offenser ! » C’était peut-être un peu brut, mais l’émancipée tenait à ce que les choses soient claires au moins sur ce point, puisque c’était déjà bien assez compliqué comme ça entre eux. « En tout cas, je suis contente pour toi que ça marche bien. » Eh oui, même si la jeune femme n'était pas des plus à l'aise avec lui, elle ne lui souhaitait pourtant pas malheur puisque dans le fond elle l’apprécie. Si ce n’était pas le cas, il y a sûrement longtemps qu’elle l’aurait jeté à la porte de chez elle – enfin après son rétablissement bien évidemment puisqu’elle n’est pas sans cœur non plus.

Après un rapide passage dans la cuisine pour se servir à boire, Carlyle rejoignit le brun au salon et s’installa sur le canapé – à bonne distance tout de même – afin de se détendre un peu en sirotant sa boisson fraîche qui lui fera probablement du bien. Alors qu’elle était en train d’avaler sa première gorgée, la blondinette tourna le regard et croisa celui de Kurt. Ne pouvait-il pas cesser de la dévisager comme il le faisait ? Ça commençait à devenir vraiment agaçant à la longue. Tout en soufflant un peu d’exaspération, la blonde s’intéressa tout de même à la journée de son colocataire. Autant qu’ils discutent un peu, avant qu’elle ne recommence à l’éviter soigneusement. « T’auras toujours des mécontents… » Les gens sont comme ça malheureusement, il y a beaucoup de râleurs, peu importe qu’on fasse bien son taf ou non. « Même moi, j’en croise pas mal au boulot. Mais du moment que tu fais ce que tu aimes, c’est déjà bien. » Indiqua Mara avec un petit sourire. De son côté, elle a apprécié bosser dans la restauration ces dernières semaines, mais de là à en faire son métier pour le restant de ses jours ? Non, sûrement pas puisqu’elle aspire à autre chose. Ce qu’elle aimerait dans l’idéal, ce serait retourner sur les bancs de la fac à la rentrée. L’ancienne étudiante fit une grimace lorsqu’elle sentit un drôle de goût dans sa bouche. Beurk c’était écoeurant ! Elle secoua sa tête en sortant sa langue, trouvant vraiment dégueulasse cet arrière-goût qui provenait probablement de son verre d’eau au sirop puisqu’elle n’avait rien pris d’autre depuis qu’elle était rentrée. Quand le garçon assis non loin d’elle parut s’inquiéter, l’adolescente tourna la tête vers lui. « Je sais pas. J’ai un goût immonde dans la bouche. Comme si j’avais du métal sur la langue… » Dit-elle dans un premier temps avant d’avoir le réflexe de renifler le contenu de son verre, sauf qu’il n’y avait pas d’odeur particulière. Afin de s’assurer qu’elle ne se faisait pas une fausse idée, la demoiselle but une autre gorgée de sa boisson. « Ouais, je suis un peu naze. J’ai pas mal marché pour me présenter dans différents établissements. Je vais aller me doucher, puis je crois que j’irai me reposer après oui, t’as raison. » De nouveau après quelques instants, la même sensation au niveau de ses papilles gustatives la frappa. « Il y a vraiment un truc qui cloche ! » Dit-elle en se levant du canapé avec son verre. « Je vais aller jeter ça avant de m’intoxiquer ! » Elle retourna donc à la cuisine et vida le reste de sa boisson dans l’évier, dans lequel elle laissa son verre avant de quitter la pièce.

Arrivée dans la salle de bains, la jeune femme attrapa son pyjama qui était accroché derrière la porte – qu’elle verrouilla au passage, ne faisant pas confiance à Kunkle – et le posa sur un meuble non loin de la cabine de douche. Elle prépara également une serviette qu’elle déposa juste à côté. Ensuite, elle se déshabilla et entra dans sa douche. La rebelle fit aussitôt couler l’eau et régla la température afin que ce ne soit pas trop chaud, surtout qu’elle se sentait déjà assez mal comme ça. Peut-être qu’elle avait de la fièvre et chopé une saloperie cet après-midi en arpentant son quartier sous ce cagnard ? L’eau tiède presque froide ne l’aida même pas à se sentir mieux, c’était peut-être même encore pire puisqu’elle entendait un bruit sourd dans ses oreilles et sa vue se brouilla jusqu’à ce qu’elle perde conscience et tombe dans les pommes sans avoir eu le temps de sortir de là ou même de couper l’eau de la douchette.  

Des gens louches dans le quartier ? Non, vraiment Mara n’avait pas remarqué ça. Peut-être que son coloc se faisait des idées, ou alors elle n’avait pas fait attention, ce qui pouvait être possible aussi puisque souvent l'ado était perdue dans ses pensées. Lorsque le brun fit mention de son patron, la jeune Carlyle grimaça. « M’en parles pas, ça me rend malade rien que d’y penser ! » La preuve, elle en avait des frissons dans le dos encore. Ce pauvre homme si gentil. Comment quelqu’un avait-il pu le tuer ? Pourtant, il n’avait pas l’air d’avoir des ennemis. C’était juste incompréhensible pour son ancienne employée.

Kurt était certes sympa de bien vouloir prendre à sa charge la blondinette, mais non elle était indépendante depuis qu’elle était partie de chez ses parents, donc elle n’avait pas envie de régresser en laissant son colocataire payer des choses à sa place. « Merci, mais je me débrouillerai ! » Indiqua la jeune femme qui ne voulait pas devoir quoi que ce soit au jeune Kunkle. Alors, il y avait plutôt intérêt à ce qu’elle trouve un autre boulot et vite ! D’ailleurs, elle tâchera de se renseigner auprès de Steve et d’Hannah afin de savoir s’ils n’avaient pas des pistes pour elle. Ils étaient arrivés dans cette ville bien avant elle, donc avaient peut-être des endroits à lui conseiller.

La vingtenaire fit son entrée au salon armée de sa boisson dont elle but une gorgée tout en papotant avec son prétendant au sujet des gens qu’il transportait et qui visiblement n’étaient pas reconnaissants. C’est là que l’intérimaire lui fit savoir qu’en général il y avait beaucoup de râleurs. Pour cause même dans la restauration, il y avait toujours des insatisfaits qui s’amusaient à se plaindre et même à lui gueuler dessus alors qu'elle n’y était pour rien en général. Mais ça, les clients s’en fichaient pas mal et elle ne pouvait trop rien dire puisqu’ils sont rois comme le dit si bien le célèbre proverbe. La petite blonde observa son interlocuteur et haussa doucement des épaules. « Pour le moment, tout ce qui compte c’est que je trouve du travail. Pour ce que j’aime, si tout va bien en septembre je pourrai m’y consacrer. » Enfin, si elle parvenait d’ici là à mettre assez d’argent de côté pour la reprise de ses études.

La jeune Carlyle trouva suspecte la sensation qu’elle ressentait après avoir bu un peu de son eau au sirop. « Je sais pas, mais c’est bizarre… » Répondit-elle quand Kurt supposa que sa boisson avait dû tourner. Apparemment, il semblait s’inquiéter pour la petite blonde. Ça aurait pu la toucher, mais non ça l’agaçait plus qu’autre chose là puisqu’elle avait la sensation une fois de plus qu’il était sur ses côtes, ce qui ne lui plaisait pas du tout. Elle se retint donc de lever les yeux au ciel, mais ne put s’empêcher de répondre d’une manière assez froide à son coloc. « Je suis assez grande pour l’appeler toute seule si besoin ! » C’est vrai quoi, elle n’était plus un bébé et puis elle n’était probablement pas malade puisqu’elle n’avait pas de symptôme. C’était sans doute la fatigue, rien de dramatique ni qui nécessiterait la présence de son médecin.

Après s’être débarrassée du reste de son verre, la demoiselle était donc partie s’enfermer dans la salle de bains afin de prendre une bonne douche pour l’aider à se détendre et à se rafraîchir aussi puisqu’elle avait chaud d’avoir couru à droite et à gauche dans le quartier. Mara ne put guère profiter très longtemps d’être sous l’eau puisqu’elle fit un malaise et perdit connaissance.

Ce fut un temps indéterminé après que la jeune fille se réveilla avec l’impression d’être dans le cirage. D’ailleurs, elle peinait à ouvrir les yeux correctement tellement ils lui paraissaient lourds. Et puis il y avait aussi cette douleur à la tête qui la faisait grimacer. C’est quand elle voulut lever le bras pour le poser sur son front qu’elle se rendit compte qu’elle ne le pouvait pas. Cette fois, elle se força à ouvrir les paupières afin de voir ce qui se passait puisqu’elle était dans le flou le plus total. En baissant la tête, la blonde eut la désagréable surprise de découvrir qu’elle était en peignoir et avait les mains et les pieds attachés à une chaise dans le salon. Cela lui fit froncer les sourcils. Qu’est-ce que c’était que ce binz ? Et puis comme si ce n’était pas suffisant, il y avait une chanson horrible qui lui parvenait aux oreilles. « Putain, mais c’est quoi cette musique de merde ? » Ronchonna Mara qui continuait à observer les alentours, du moins ce qu’elle pouvait voir en face d’elle. C’est en levant légèrement la tête qu’elle repéra une caméra pointée dans sa direction. « KUUUUUUURT ! T’ES LAAAAAA ? » S’époumona l’adolescente qui n’aimait pas du tout se retrouver dans cette position. Surtout que là elle venait de se rappeler qu’elle était partie prendre sa douche juste avant d’avoir un trou noir. Ce qui voulait donc dire que ce petit fourbe avait dû la sortir de la salle de bains alors que pourtant elle s’y était enfermée. « KUNKLE ! RAMÈNE TON CUL ICI ! » Gueula-t-elle afin de se faire entendre. Certes, elle ne comprenait rien à ce qui se passait, mais pourtant son instinct tirait la sonnette d’alarme. Puisque la pauvre ne pouvait rien faire, Carlyle soupira et laissa ses sens s’exprimer. C’est ainsi qu’elle put sentir une odeur, signe que son colocataire devait être là et occupé en cuisine. Mais l’entendait-il au moins ? Parce que vu la musique assourdissante, ça ne serait guère étonnant qu’il n’ait rien capté et pourtant l’émancipée avait bien crié. Malgré son mal de tête et le fait qu’elle se semble faible, la blonde luttait pour ne pas se rendormir. Au même moment, elle entendit des bruits de pas qui se rapprochaient d’elle. Sans doute que le brun daignait enfin venir la voir. Oui, c’était bien ça puisque quelques instants après il arriva dans son champ de vision. La demandeuse d’emploi ne parvenait pas à décrypter sur son visage ses émotions, comme s’il était fermé. « Pourquoi je suis attachée sur cette foutue chaise ? Et pourquoi j’ai ce truc… » Dit-elle en montrant la caméra d’un signe de tête. « Braqué sur moi ? Tu t’es cru dans Big Brother ou quoi ? » Demanda-t-elle en faisant référence à une célèbre émission de téléréalité puisqu’elle avait limite l’impression d’être une candidate de ce show, sauf qu’elle n’était pas du tout consentante.

La pauvre intérimaire ne se sentait pas bien rien que de repenser à son ancien patron. Ce dernier lui avait tendu la main et offert un boulot quand elle en cherchait. Jamais il n’avait eu de mots ou de gestes déplacés à son égard, il s’était toujours comporté comme un type bien, alors non, elle ne comprenait pas pourquoi un illuminé s’en était pris à lui de cette façon. « C’est pas moi qu’il faut plaindre. C’est sa famille qui doit être dévastée. Et puis je n’ose pas imaginer les derniers instants de sa vie. Il a dû avoir une sacrée peur ! » Non, vraiment elle n’aurait pas aimé être à sa place. On ne pouvait pas dire qu’elle était proche de son patron, mais ce n’était pas pour autant qu’elle lui aurait souhaité du mal. En plus, maintenant elle allait devoir galérer à nouveau pour se trouver du taf, ce qui ne l’arrangeait pas vraiment, mais elle relativisait en se disant que c’est elle qui aurait pu se faire assassiner.

Lorsque son colocataire lui conseilla de ne pas se prendre la tête, la blonde le regarda d’un drôle d’air. Franchement, il en avait de bonnes lui ! Ce n’était pas Kurt qui se retrouvait d’un seul coup sans travail. La miss soupira doucement sans rien lui répondre puisqu’elle n’en avait pas envie. De plus, si elle prenait la peine d’ouvrir la bouche, elle n’allait pas être très sympa, donc autant qu’elle se taise. Sauf que quelques instants plus tard elle ne put se résoudre à le faire et fit comprendre au jeune Kunkle qu’elle n’aurait pas besoin qu’il téléphone à son médecin à sa place. Après tout, elle n’est plus un bébé et n’a absolument pas besoin qu’il la couve comme s’il était son père. Elle en avait déjà un – même si elle n’avait plus de nouvelles depuis qu’elle était dans cette ville – et c’était bien suffisant comme ça. « Tant mieux ! » Répondit la blondinette quand son coloc leva les mains en lui indiquant qu’il ne ferait rien. Parce que s’il allait contre son gré, elle n’allait pas être du tout gentille avec lui. Elle était peut-être injuste et pas cool là, mais elle n’en pouvait plus de sa lourdeur. Il faisait trop une fixette sur elle depuis qu’elle avait eu le malheur de s’offrir à lui, chose qu’elle regrettait amèrement. Alors oui, elle avait du mal à se montrer sympathique et souriante étant donné son comportement insistant envers elle.

Après être partie se doucher et être tombée dans les pommes, Miss Carlyle reprit connaissance dans un état pitoyable. Elle était complètement déboussolée et ne comprenait rien à ce qui se passait. Voilà qu’elle était ligotée et filmée en plus de ça, alors qu’elle ne se sentait vraiment pas dans son assiette. Elle ne savait peut-être pas ce qui se tramait, mais elle avait un très mauvais pressentiment qui ne voulait pas la quitter. Il fallait qu’elle tire les choses au clair et vite ! C’est pour ça qu’elle hurla afin que le chauffeur se pointe, sauf que celui-ci prit bien son temps, comme pour l’enquiquiner et la faire enrager. Pourtant ce n’était vraiment pas le moment qu’il joue avec ses nerfs. Dès qu’il fut dans son champ de vision, la jeune femme demanda des comptes à son interlocuteur. Il avait plutôt intérêt à se mettre à table, et ce même si elle n’était pas en position de force. Mara roula des yeux à sa question. « Non ! T’es en train de parler à mon fantôme là ! » Sérieusement, il se payait sa tête en plus ? S’il croyait qu’elle allait se montrer docile parce qu’elle était attachée, eh bien il pouvait toujours rêver puisqu’elle n’était pas bâillonnée et donc pouvait encore se servir de sa langue pour bien lui faire sentir qu’elle n’était pas à sa botte. La demoiselle regarda le plateau qu’il posa sur la table et arqua un sourcil. Il pensait qu’elle allait manger ça ? Dans ses rêves oui ! Elle n’allait pas prendre le risque qu’il l’empoisonne encore ! Parce que oui, maintenant qu’elle y réfléchissait, il avait dû mettre quelque chose dans sa boisson tout à l’heure pour qu’elle fasse ce malaise dans la salle de bains. L’adolescente regarda le téléphone qu’il lui montrait et tomba des nues en réalisant ce qu’il avait fait pendant qu’elle dormait. « Et allez, c’est reparti avec ton sempiternel délire sur la célébrité virtuelle ! J’en ai rien à foutre ! Et tu devrais en faire autant ! » Lui claqua-t-elle de manière acerbe en le foudroyant du regard. Qu’est-ce qu’il pouvait être gonflant avec ça. Encore une obsession… En écoutant ses explications, l’émancipée ne put s’empêcher de rire nerveusement tellement c’était grotesque. Elle se serait bien tapé la main sur le front, mais ça lui était impossible malheureusement. « Mais tu t’entends ? Tu dérailles complet mon pauvre type ! Personne voudra jamais de toi ! T’es bien trop taré pour ça ! Et en plus, tu oses essayer de me culpabiliser en voulant me faire croire que si t’en es arrivé là c’est par ma faute ?! Faut te faire soigner ! » Non, elle ne mâchait pas ses mots. Hors de question qu’elle se taise, quitte à mourir, mais jamais il ne l’empêchera de s’exprimer. « Me touche pas espèce de psychopathe ! » Gueula la petite blonde en lui lançant un regard noir. Si elle l’avait pu, elle lui aurait bien fait un joli doigt d’honneur, mais avec les mains attachées, ce n’était pas faisable malheureusement. Par la suite, la jeune femme se mit à regretter ce qu’elle lui avait confié une fois. La preuve, il se servait de ce qu’elle lui avait raconté contre elle là. Comment allait-elle se sortir de ce bourbier ? La panique se mit à envahir la chercheuse d’emploi. Elle était seule ici avec ce cinglé et aucun moyen de s’échapper ou de contacter l’un de ses amis. Il allait falloir qu’elle se calme et la joue fine, mais pour le moment elle n’y parvenait pas encore. « Et à part ça tu voulais qu’on soit ensemble, ben là c’est sûr que si tu me donnes pas mon traitement t’auras aucune chance que ça arrive un jour ! Parce que quand je vais te péter à la tronche, c'est ce qui arrivera, t’auras plus que tes yeux pour pleurer ! Si tu crois que c’est ça l’amour, ben t’es pas au bout de tes surprises ! Alors quand je serai morte, il sera trop tard pour regretter et te dire que t’as déconné à plein tube ! » Ce n’était peut-être pas très subtil, mais elle essayait de lui ouvrir les yeux, de lui faire prendre conscience du fait qu’il était en train de faire n’importe quoi. « Mais t’sais quoi ? Vas-y laisse-moi crever ! Au moins, tu me ficheras la paix une bonne fois pour toutes et je serai enfin de nouveau avec Dylan. J’aurai plus à subir tes conneries ! » Là, elle le savait, elle allait le faire réagir et probablement l’énerver, mais de toute façon, il fallait qu’il y ait un déclic. De plus, s’il allait vraiment la laisser littéralement exploser, au moins comme elle l’avait si bien dit, Hovemeyer et elle seraient peut-être réunis. À moins que celui-ci n’ait réussi à ressusciter comme ça avait été le cas pour Hannah. Ne voulant plus le voir, l’ancienne serveuse tourna la tête sur le côté afin de bien lui faire comprendre qu’elle n’en pouvait plus de lui et même que le regarder lui devenait insupportable. Comment avait-elle pu se laisser avec lui franchement ? Si elle avait su, elle se serait tiré une balle cette nuit-là, ça aurait évité tout ce bordel sans nom. Pour le moment, la demoiselle réussissait à ne pas pleurer, alors que pourtant elle ne savait pas comment elle allait se tirer de cette histoire.

La vie par moments pouvait être cruelle et injuste envers certaines personnes. C’était probablement le cas pour l’ancien patron de la jolie blonde. Selon elle, il ne méritait aucunement de finir ses jours de cette façon, d’autant plus qu’il était encore assez jeune et aurait donc pu profiter plus longtemps. Penser à ça fit frissonner la jeune femme. De plus, ce sujet de conversation n’était pas des plus joyeux, alors elle ne répondit rien à la suite de Kurt ne souhaitant pas s'éterniser sur ce sujet morbide.

Après avoir parlé de choses et d’autres, Mara ne s’était pas sentie trop bien et avait eu le besoin de s’isoler dans la salle de bains. Sur le coup, elle pensait qu’une douche pourrait lui faire du bien, mais elle s’était lourdement trompée puisqu’elle était tombée dans les pommes.

Un temps indéterminé après, la miss était revenue à elle, mais complètement déphasée. La pauvre se sentait encore sonnée et engourdie, sans compter le fait qu’elle se demandait ce qu’était en train de mijoter son colocataire. D’ailleurs, celui-ci fut à peine auprès de la jeune Carlyle qu’il lui tapa sur les nerfs. Si bien qu’elle serra les dents étant donné qu’elle ne pouvait même pas lui faire un doigt d’honneur pour exprimer son mécontentement. Son agacement se fit encore plus ressentir quand le brun lui avoua qu’il était en train de la filmer et de tout diffuser sur internet. Qu’est-ce qu’il commençait à la gonfler avec ses conneries de popularité. La miss leva les yeux au ciel quand son interlocuteur lui dit qu’il savait qu’elle allait réagir de la sorte. Surtout qu’il continuait dans son délire. « Je le répète, j’en ai rien à foutre du succès ! Encore plus sur internet ! » En effet, elle ne gardait pas un bon souvenir de l’époque où on parlait d’elle sur les réseaux et où on la désignait comme la cause de toutes ces morts à Covington. Alors non, ça ne l’intéressait absolument pas d’être célèbre si c’était pour voir des choses aussi désagréables sur le net. La blondinette soupira d’entendre encore Kurt s’extasier sur son passé. « Tant mieux pour toi ! Mais laisse-moi en dehors de ça ! » Ben oui quoi, il n’a pas le droit de l’inclure dans ses conneries sans même lui demander son consentement. D’autant plus qu’elle lui aurait dit non directement s’il lui en avait fait la requête.

Évidemment, l’adolescente galérait à maîtriser ses nerfs là, c’est pour ça qu’elle remit bien en place Kunkle, se fichant totalement du fait qu’il pourrait la supprimer s’il en avait envie. Apparemment, ça ne plaisait pas à son colocataire qui s’énerva aussi, ce qui fit rire nerveusement son interlocutrice. « Je me suis fichue de toi ? J’ai été honnête avec toi ! J’y peux rien si tu l’as mal pris ! T’aurais préféré que j’te mente peut-être ? » En entendant parler d’une certaine Jessie, l’émancipée arqua un sourcil. « Je connais pas cette fille et franchement ? Je m’en fiche complètement ! » En temps normal peut-être qu’elle aurait cherché à en savoir plus au sujet de cette personne, mais là non. Elle était juste à bout de nerfs et ne parvenait pas à se calmer. « Je ne me suis pas moquée de toi Kurt ! J’ai voulu être sincère avec toi alors je suis désolée si ça t’a blessé, mais je ne me voyais pas simuler ou te raconter n’importe quoi juste pour te faire plaisir. Ça n’aurait pas été correct de ma part. » Peut-être bien qu’elle avait manqué de tact ? C’était possible après tout, pourtant elle avait essayé d’être la plus délicate, mais visiblement ça n’avait pas été suffisant, malheureusement.

Par chance quand Mara avait montré son désaccord et demandé ou plutôt ordonné au brun de ne pas la toucher, celui-ci l’avait écoutée et avait reculé sa main. Par contre, ce qu’il lui dit juste après ne plut pas du tout à l’ado. Si elle l’avait pu, elle aurait applaudi de voir tant de stupidité de la part du chauffeur. « Ah parce qu’une femme n’est rien si elle n’a pas d’homme ? Wah quelle image tu te fais de la femme ! Bravo ! » Le félicita-t-elle de manière ironique. « J’te remercie de l’idée que tu as de moi ! Mais j’ai besoin de personne pour exister ! Surtout pas de toi ! » Fit-elle avant de soupirer fortement. Bon sang, il était vraiment en train de lui foutre les nerfs en pelote. Alors certes, la vie est dure, encore plus sans Dylan, pourtant elle arrivait bien à se débrouiller. Par contre, il est vrai que vivre lui était bien plus agréable depuis qu’elle s’était liée d’amitié avec Hannah ou encore Steve. Sans eux sûrement qu’elle se sentirait seule et que la vie serait moins douce, mais elle n’avait pas du tout envie qu’on croie que sans petit copain elle n’était rien.

Ne pouvant s’en empêcher, Carlyle donna son point de vue sur ce qui allait se produire si jamais son coloc ne mettait pas fin à son plan machiavélique. Elle avait peut-être bien fait puisque la petite blonde crut voir dans le regard et l’attitude du garçon qu’il était comme déstabilisé par ses propos. La jeune femme haussa des épaules comme elle le put étant ligotée quand il lui demanda pourquoi il devrait l’épargner alors qu’elle ne veut pas de lui. « Qui c’est de quoi demain sera fait ? C’est pas parce qu’à l’instant T je ne veux pas de toi, que ça sera toujours le cas. » OK, là l’adolescente commençait à se faire calculatrice, mais après tout il fallait bien qu’elle sème le doute dans l’esprit de Kurt pour qu’il renonce non ? En tout cas, ses soupçons étaient fondés sur le fait que le brun n’avait pas pris la peine d’imaginer ce qui se passerait si elle venait à exploser puisqu’il le confirma lorsqu’il lui avoua n’avoir pas réfléchi.

Ayant du mal à jouer la comédie, la blondinette finit par claquer au jeune Kunkle qu’il n’avait qu’à la laisser mourir et poussa même le vice jusqu’à évoquer encore une fois Dylan. D’une part parce qu’elle sait qu’il n’a jamais vraiment aimé entendre parler du blond, mais aussi parce que forcément les pensées de Mara se tournent vers lui étant donné qu’elle risque de perdre la vie par la faute de son désaxé de coloc. Et rien à faire si ses paroles ou même le fait qu’elle tourne la tête pour ne plus l’avoir dans son champ de vision ne lui plaisent pas. Sauf que ce que Kurt lui sortit ensuite la fit voir complètement rouge. « Ta gueule ! Ferme-la ! Je t’interdis de parler de lui ! Tu ne le connais pas ! Il m’aimait vraiment lui ! Il me voulait en sécurité, il s’inquiétait pour moi et craignait que je perde la vie ! Ce qui est loin d’être ton cas ! Toi c’est pas de l’amour que tu ressens à mon égard, c’est juste qu’une putain d’obsession ! » Répliqua-t-elle sans même prendre la peine de le regarder, voulant juste qu’il disparaisse de sa vue. Tout comme la miss ignora ce qu’il lui avait dit à propos de sa virginité qu’il lui avait offerte. Puis quand le chauffeur lui ordonna de le regarder, l’émancipée n’en fit rien, refusant de lui obéir. Ce qui eut le don d’énerver son interlocuteur qui fit valser son assiette pleine contre le mur. Sans qu’elle ne le contrôle, l’ado eut un sursaut et ferma les yeux sous le choc de cette soudaine violence. Cela ne s’arrangea pas quand son colocataire attrapa un bout d’assiette qu’il pressa contre la joue de la jeune Carlyle qui se mit à frissonner de peur en rouvrant les yeux. Ce qu’elle vit dans le regard de son amant d’une nuit lui fit froid dans le dos. Si bien que cette fois, la demandeuse d’emploi garda le silence, complètement tétanisée. Elle avait l’impression que le psychopathe était à deux doigts de craquer. De ce fait, la miss apeurée se retrouva à voir sa vie défiler devant ses yeux.

Alors que la blonde était en train de revoir les bons comme les mauvais moments partagés – avec sa famille, son ancienne meilleure amie, Dylan ainsi que ses nouveaux amis – contre toute attente Kunkle la laissa seule. Où était-il parti ? Qu’allait-il faire ? Le voyant quitter la pièce, la jeune fille craqua enfin et laissa les larmes couler le long de ses joues l’espace de quelques secondes, relâchant la pression accumulée jusqu’à ce qu’elle souffle un bon coup. Elle devait réagir et trouver un moyen de se sortir de cette situation. En baissant la tête et en voyant les bouts d’assiette sur le sol, la blondinette se mit à réfléchir et repensa à des scènes de films ou de séries qu’elle avait pu voir. Elle n’était pas sûre que ça allait fonctionner, mais elle devait essayer. La miss rassembla son courage et de toutes ses forces bougea sur sa chaise jusqu’à parvenir à basculer sur le côté, non loin de ce qui l’intéressait. À savoir ce gros morceau bien tranchant qui pourrait possiblement l’aider à se détacher. La chance semblait être un peu du côté de Mara puisqu’elle arriva à attraper entre ses mains ce dont elle avait besoin. Elle commença donc aussi bien que possible à frotter le bout d’assiette – qu’elle tenait fermement – contre la corde. « Pfff. Alleeez ! » Fit-elle sur un ton assez bas tout en s’acharnant. Il n’y avait pas une minute à perdre. Qui sait dans combien de temps le preneur d’otage sera de retour dans la pièce ? À force de s’entêter, au bout d’un moment, miss Carlyle sentit moins de pression au niveau de ses poignets, signe que ce qui la retenait avait fini par céder. Un soupçon de soulagement s’empara de l’adolescente qui lâcha ce qu’elle avait en main avant de se relever. Qu’allait-elle faire maintenant ? Il fallait qu’elle trouve une idée et vite !

En observant les alentours, l’ado vit le téléphone portable de Kurt qui était encore sur la table. Aussitôt, elle s’en empara et songea à contacter ses amis. Pas Hannah, c’était hors de question que celle qu’elle considère comme sa meilleure amie et sa jumelle de cœur ne se retrouve en danger par sa faute. Bon eh bien, tant pis, ça sera Steve. « Merde ! » Jura-t-elle en se rendant compte qu’elle ne connaissait pas son numéro par cœur. En revanche, elle connaît de tête ses identifiants Instagram qui lui servent à échanger avec ses contacts, mais aussi à suivre ses célébrités préférées. Ni une ni deux, elle se connecta sur le site tout en jetant de temps à autre un œil dans la pièce pour voir si Kunkle ne revenait pas. Une fois en ligne, elle ouvrit sa conversation privée et envoya un message à Steve. « Salut. Pas le temps de parler, mais help ! Mon coloc est complètement fou et me séquestre chez moi ! Je t’écris en vitesse pendant qu’il est parti dans une autre pièce. » Juste après elle se déconnecta et vida l’historique avant de reposer le portable à sa place. Elle aurait pu songer au fait de couper l’enregistrement, mais dans l’empressement ça ne lui avait pas effleuré l’esprit. Par contre, elle priait pour que le jeune Harrington ait bien eu son message et fasse quelque chose pour lui venir en aide. En attendant, elle allait devoir se débrouiller seule. La blonde fonça jusqu’à la cuisine et attrapa une poêle qui traînait dans l’égouttoir. *Tu peux le faire Mara ! T’es forte !* Se dit-elle afin de se motiver et de se donner du courage.

La miss tint à deux mains le moyen de défense qu’elle venait de trouver puis à pas de loup partit à la recherche du brun. Elle longea le couloir et trouva la porte de la salle de bains fermée. Carlyle colla son oreille le long et crut entendre du bruit à l’intérieur. Probablement que son bourreau devait être dans cette pièce. Discrètement, la blonde se décala le long du mur, là où la porte allait s’ouvrir, ce qui la cachera en espérant que le brun ne prendra pas la peine de vouloir la refermer derrière lui. Le stress était en train d’envahir la jeune femme qui en oubliait presque de respirer tellement elle ne voulait pas se faire remarquer. En entendant le bruit de la poignée de la porte, Mara ferma la bouche et respira uniquement par le nez tout en cramponnant sa poêle, prête à frapper Kurt avec. Ce dernier sortit de la pièce et par chance ne se retourna pas. La blondinette n’en menait pas large, mais le regarda s’éloigner. Elle le suivit en toute discrétion et le vit retourner dans l’autre pièce. Bien sûr, Kunkle remarqua qu’elle n’était plus sur la chaise, ce qui eut l’air de le surprendre. « Je suis là connard ! » Dit la miss en levant aussitôt son arme qu’elle claqua bien lourdement sur le haut du crâne du brun. Elle y avait mis toutes ses forces, se fichant totalement du fait qu’il pourrait avoir mal. Apparemment, elle avait réussi son coup puisque le garçon tomba à ses pieds.

La jeune Carlyle lâcha un soupir de soulagement, mais avec son pied poussa tout de même son colocataire pour vérifier s’il n’allait pas bouger ou râler. Ce n’était pas le cas, mais elle garda tout de même la poêle à la main.

Au même moment, Adam Conant, prévenu par Steve de ce qui se tramait n’avait pas hésité et avait délaissé son restaurant pour venir porter secours à Mara. Il ne la connait pas encore, mais sait pertinemment qu’Hannah tient beaucoup à cette fille, alors il se devait de l’aider. De toute façon, c’était bien le style du brun d’agir comme ça. Encore plus là que c’était son meilleur ami qui lui avait demandé. Arrivant à l’adresse et devant l’appartement qu’on lui avait indiqués, le barman chercha à ouvrir, mais évidemment c’était fermé à clé. « Serrure ouvre-toi ! » Dit-il sans même prendre le temps de vérifier que personne n’était dans le couloir. Le sorcier sourit quand la porte s’ouvrit et entra en trombe dans le logement avant de fermer la porte par la pensée, ne voulant pas perdre de temps. Avec précipitation, il se faufila dans l’appart, par contre il ne parla pas jusqu’à voir une blonde sursauter et brandir une poêle. « Vous approchez pas ! Sinon je vous réserve le même sort que lui ! » Aussitôt, l'intrus leva les mains en l’air pour montrer à la jeune fille qu'il venait en paix puis baissa le regard et put voir qu'effectivement quelqu'un était couché sur le sol. « Mara, j’imagine. Je suis Adam, c’est Steve qui m’a demandé de passer. Je suis aussi l’ami et le colocataire d’Hannah. » Ces simples paroles eurent le don d’apaiser la blondinette vu qu'elle baissa les bras et fut moins sur la défensive. En se rapprochant d’elle, le jeune homme put remarquer que le mec neutralisé est le double d’Harrington qu'il avait déjà vu dans son bar-restaurant et qui ne lui avait pas inspiré confiance. « Je ne sais pas combien de temps il va rester inconscient. » Dit la demoiselle en posant sur la table à côté d’elle ce qu’elle tenait dans ses mains. « OK, alors je me charge de lui. » Adam souleva l’autre brun et le posa sur la chaise. « Mets ses mains derrière le dossier de la chaise s’il te plaît Mara. » Celle-ci s’exécuta puis réfléchissant son sauveur retira la ceinture de Kurt de son pantalon et la passa autour de lui et de la chaise. Il ferma la boucle de la ceinture dans le dossier de la chaise, emprisonnant ainsi ses mains par la même occasion.

Depuis qu’ils se connaissent tous les deux, oui Mara avait très nettement remarqué que son colocataire ne jurait que par internet. Pour cause, tout son temps libre il le passait à surfer là-dessus. Et après il se plaignait qu’il n’arrivait pas à dormir. Pas étonnant vu son obsession pour les réseaux sociaux et la popularité. Chose que ne comprenait pas vraiment la jeune Carlyle puisqu’elle évitait au maximum tout ceci suite à ce qu’elle avait vécu par le passé. « Ton internet et ta pseudo popularité, c’est que de la poudre aux yeux Kurt ! C’est pas réel ! De plus, même si tu venais à avoir du succès, tu pourrais tout aussi bien retomber dans l’oubli rapidement. C’est éphémère. » Enfin selon le propre avis de la blonde qui ne voyait pas tout ceci d’un très bon œil. Surtout que parfois ça pouvait monter à la tête des gens, la preuve avec Kurt ici présent qui avait l’air d’avoir pété une durite vu qu’il prenait en otage sa pauvre colocataire. « C’est mon droit à l’image que tu es en train de bafouer là ! Ce qui est puni par la loi, sans compter le fait que tu me retiens contre mon gré. Ça peut aller chercher loin tout ça ! » Dit-elle comme pour essayer de lui faire comprendre que s’il se faisait prendre il risquait gros, même si elle cherchait avant tout à le faire changer d’avis et qu’il la relâche.

La jeune femme tenta tant bien que mal d’expliquer à Kunkle qu’elle n’avait pas voulu lui faire de mal, mais qu’elle avait tenu à se montrer sincère envers lui lorsqu’elle lui avait avoué ne pas avoir aimé sa prestation lorsqu’ils avaient couché ensemble. En effet, elle n’avait pas pris de plaisir cette nuit-là, mais ce n’était pas souvent terrible lorsqu’une personne démarrait dans la vie sexuelle. « Tu le savais pertinemment Kurt, tu l’as toujours su. Seulement, tu t’es voilé la face parce que toi tu étais en pleine découverte et qu’apparemment ça t’a plu. Et j’le répète, je suis désolée si tu as eu cette sensation que j’ai manqué de tact, pourtant j’ai essayé de ne pas être trop dure… » De toute façon, même si elle y était allée encore plus en douceur, probablement que le brun l’aurait mal prit aussi alors. Puis il eut des paroles pour le moins désobligeantes envers la gent féminine, ce qui avait du mal à passer du côté de la chercheuse d’emploi qui le lui fit bien remarquer d’ailleurs. La réponse du garçon ne convenait pas non plus à l’émancipée. « Que ce soit de moi ou de la femme en général dont tu me parles c’est du pareil au même Kurt. On dirait le gros macho de base là. Pourquoi j’aurais besoin de toi hein ? Je suis incapable de me débrouiller seule selon toi ? Je l’ai été pendant deux ans avant que tu débarques dans ma vie et je m’en sortais très bien ! » C’était quoi cette façon de penser franchement ? Comme si on était forcément obligée d’avoir un homme à ses côtés pour vivre. « Ça, j’avais bien remarqué ouais ! » Répliqua la blondinette en roulant des yeux lorsque son interlocuteur lui rappela que c’était elle qu’il voulait. Sauf que ce n’était pas de cette manière qu’il parviendrait à l’avoir. Histoire de mettre les choses au clair, la miss dit sans ménagement à Kurt qu’elle n’avait pas besoin de lui. Parce que c’était la vérité et qu’il devait bien en prendre conscience. « T’aider pour buzzer ? Mais fiche-moi la paix ! J’ai pas envie ! » Non, il n’y avait pas moyen qu’elle le soutienne dans son délire. Déjà parce que ce n’était pas sa tasse de thé et qu’en plus en étant attachée de la sorte, elle ne voulait pas coopérer.

Souhaitant se sortir de ce pétrin dans lequel elle se trouvait actuellement, la petite blonde commença à essayer de semer le trouble dans l’esprit de son bourreau. S’il fallait minauder pour qu’il la libère, alors elle allait tenter le coup. « Franchement ? J’en sais rien. Peut-être. » Répondit tout de même Mara avec sincérité, puisqu’elle ne pouvait pas dire avec exactitude si oui ou non elle finirait par avoir des sentiments pour son colocataire. Par contre ce qui était sûr là de suite, c’est que ce n’était pas le cas puisqu’elle le trouvait complètement taré et ce fut bien pire avec ce qu’il lui dit juste après. Le visage de la miss se décomposa lorsqu’elle apprit ce qu’il avait fait. « Quoi ? C’est toi qui t'en es pris à mon patron ? Mais, mais pourquoi ? » Demanda la jeune fille complètement choquée, mais qui avait besoin de comprendre pour quelle(s) raison(s) le brun avait tué son employeur. Alors là, réfléchir au fait qu’elle pourrait lui pardonner ou non, c’était tout simplement au-dessus de ses moyens. La pauvre Carlyle n’en revenait pas et se retenait de craquer tellement cette nouvelle la bouleversait. Comment avait-elle fait pour ne pas se rendre compte plus tôt du fait que son coloc était si instable ?

La blondinette n’était pas du tout d’accord avec le point de vue de Kurt. Selon elle, il ne l’aimait pas. Parce que si c’était le cas, il ne prendrait pas le risque de la voir mourir, il ne la retiendrait pas non plus contre son gré et ne voudrait pas qu’il lui arrive malheur. Alors non, il ne pouvait pas être amoureux contrairement à ce qu’il semblait penser. « Je parle de lui parce que c’est lui que j’aime, qu’il a été mon premier amour et le restera toujours ! » Répliqua tout d’abord l’ado quand Kunkle lui reprocha de parler trop souvent de Dylan. En effet, le blondinet aura toujours une place dans son coeur, même si un jour elle venait à se mettre en couple avec un autre. Ce à quoi elle ne pensait pas du tout pour le moment. « Non, tu n’es pas amoureux de moi ! Pour les raisons que je t’ai citées juste avant. Si tu m’aimais vraiment tu ne m’aurais pas attachée à cette chaise et tu ne voudrais pas que je meure ! Rien qu’avec ça déjà, tu devrais comprendre que c’est pas de l’amour que tu ressens pour moi. » Peut-être qu’avec ces explications il allait se rendre compte du fait qu’il faisait complètement fausse route. S’il pouvait faire machine arrière aussi ça serait bien. Sauf que ça ne se passa pas ainsi.

Lorsque le brun s’énerva après elle et la menaça avec un bout pointu de l’assiette qu’il avait cassé, l’adolescente prit peur. Elle ne voulait rien montrer, pourtant son corps la trahissait et parlait pour elle. Tandis qu’elle était morte de trouille et pensait même qu’elle allait mourir, étrangement son bourreau quitta la pièce. C’est là qu’après avoir craqué, la jeune fille prit sur elle et réfléchit à un moyen de se sortir de là. Par chance, elle eut un plan assez rapidement qui se révéla être un succès puisqu’elle parvint à se libérer. Quand ce fut fait, elle prit ensuite le portable de son coloc et envoya un S.O.S. au sosie de ce dernier puis elle marcha dans l’appartement et attrapa quelque chose pour se défendre. Ensuite, elle patienta derrière la porte de salle de bains. Lorsque son colocataire en sortit, elle le suivit puis quand il chercha après elle, elle le frappa aussi fort que possible avec la poêle, ce qui le fit tomber dans les vapes puisqu’il ne réagissait plus. Puis un autre homme qu’elle ne connaissait pas débarqua dans l’appartement. Au départ, la blonde s’en méfia, mais quand il lui parla de Steve et d’Hannah, elle sut qu’elle pouvait lui faire confiance puisqu’il connaissait ses amis qui semblaient être les siens aussi. Étant donné qu'il n’y avait pas de temps à perdre, tous les deux s’associèrent et grâce à Adam, Kunkle se retrouva attaché exactement là où l’ado l’était encore quelques minutes auparavant.

Pour le moment, Kurt était encore inconscient, ce qui soulageait tout de même sa colocataire qui avait eu la frayeur de sa vie et qui avait du mal à faire redescendre la pression. « Merci d’être venu Adam. » « De rien, Mara. » Répondit le sorcier en lui souriant et en posant sa main sur son épaule en guise de soutien. « Hannah m’a déjà parlé de toi. Elle a beaucoup d’estime pour toi. » Indiqua la jeune femme en souriant à son tour. « Ça t’arrive souvent de venir en aide comme ça aux gens que tu ne connais pas ? » En entendant cela, le jeune Conant lâcha un petit rire. « Tout d’abord, je suis content qu’Hannah t’ait parlé de moi en bien. Ensuite, quand un ami me demande de l’aide, oui j’accours. Et ce même si là Steve a voulu que je vienne pour toi. Et je vois que j’ai bien fait de venir… » La jeune Carlyle hocha la tête doucement alors que les larmes menaçaient de couler, mais elle les retenait encore ne voulant pas craquer en public. « Je ne sais pas ce qu’il lui a pris. Enfin si, maintenant je crois que c’est de ma faute vu tout ce qu’il m’a dit. » Oui, elle se sentait un peu coupable, même si dans le fond elle n’y était pour rien s’il était obsédé par elle. « Je ne sais pas ce qu’il a pu te dire, mais ne crois pas que le problème vient de toi Mara. C’est lui qui n’est pas net. » Dit-il en caressant cette fois doucement son dos pour l’apaiser. Sauf qu’ils ne purent discuter plus longtemps étant donné que Kunkle venait de reprendre conscience. En entendant sa voix, l’ado sursauta puisqu’elle ne s’attendait pas à ce qu’il soit déjà réveillé. Même si elle n’était toujours pas rassurée, elle tourna le regard vers son coloc et lui fit un doigt d’honneur maintenant qu’elle le pouvait. « Adam a eu la gentillesse de venir m’aider ! » Bien qu’elle n’était pas très confiante, elle se rapprocha un peu de lui et montra du doigt la caméra qu’il avait installée. « Tu devrais être content c’est toi qui es filmé à présent. Tu vas être la star comme ça ! » Fit-elle en le fixant durement. Puis pas tranquille, elle se recula pour s’éloigner de lui et retourner auprès de l’autre brun. « J’te détacherai pas, c’est hors de question que tu t’en prennes de nouveau à moi ou à quiconque. Alors maintenant tu vas m’écouter ! Tu comprendras que je n’ai plus envie de t’avoir sous mon toit après ce que tu as fait. Donc j’te laisse pas le choix, tu vas dégager de chez moi et m’oublier ! Je ne veux plus que tu t’approches de moi, ni même de mes amis. » Dit-elle très sérieusement. « Tu devrais aller chez les flics et porter plainte Mara. » Intervint Adam qui voulait juste qu’elle soit totalement en sécurité. La jeune femme tourna la tête vers lui. « Je pense que j’irai oui. Il faut qu’il paie pour ce qu’il a fait à mon patron. » Le sorcier la regarda d’un air intrigué, ce qu'elle remarqua. « Il faut surtout qu’il se retrouve avec une injonction d’éloignement. » La chercheuse d’emploi hocha la tête. « Oui, mais il doit aller en prison pour avoir assassiné mon employeur. » Ajouta-t-elle puisqu’elle ne pouvait s’empêcher de penser à ce pauvre homme qui était mort.